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   "Plus j'y réfléchis plus je sens qu'il n'y a rien de plus réellement artistique que d'aimer les gens." Vincent Van Gogh    

Partie 3 : Le Grimoire

Tenebræ ayant appris que je pensais, comme tant d'autres, que dans tout roman le Temps est la sève et la source qui irriguent tout le reste, avait haussé une fois de plus les épaules mais cette fois-ci avec un sourire que je ne lui connaissais pas et m'avait dit d'une façon laconique et sans insister : "... il me semble bien avoir écrit, moi aussi, sur ce sujet...". Aussi : poussé par ma curiosité je décidais un soir de retourner voir Moyenne Fée qui avait, je le savais maintenant, certains livres et même des manuscrits de sa grande cousine. Je ne me faisais pourtant que peu d'illusions sur la qualité des écrits de Tenebræ et encore une fois : la suite me prouvera que j'avais tort.

 

                 Mais Moyenne Fée vivait alors une grande partie de l'année dans son Immense Forêt et c'était un tout autre périple qu'il me fallait entreprendre pour accéder à sa demeure qui, à ma grande surprise et bien que située au milieu d'arbres centenaires, ressemblait plutôt à un immense vaisseau du XVIIIème siècle secoué par les flots.

 

               De grandes salles somptueuses, des boiseries partout et d'immenses tentures ventées hissées comme des voiles jusqu'au haut des hauts plafonds des Grands Salons qui semblaient ainsi mobiles et livrés aux seuls vents du large tels le Nau Esméralda disparu à jamais au fond de l'océan. D'amples et profonds fauteuils souples et doux d'un bleu nuit de clair de lune.

 

                    Des bougies projettent nos ombres et les font glisser le long des murs puis fuir tout en bas sur le sol

alors que nous montons maintenant, Moyenne Fée et moi, le Grand Escalier.

 

Puis nous grimpons vers sa Bibliothèque située en haut d'une tour par un étroit et vertigineux escalier métallique en colimaçon, suspendu par de longues tiges d'acier, et qui se balance en grinçant sous notre poids et parfois par des lucarnes laissées ouvertes des feuilles d'arbres humides  et tempétueuses viennent se coller sur mes joues. Et tout en haut : des livres invraisemblables qui se lisent dans tous les sens !

 

Par intermittence de grandes pages s'envolent claquantes comme les pigeons de la place Saint-Marc puis tournoient autour de nous en faisant vivre devant nos yeux les choses et les personnages de leurs récits ! Et d'autres livres tels d'étranges papillons lascifs naissent dans les volutes  alanguies et  bleutées s'élevant au dessus de grands bougeoirs lunaires. Moyenne Fée m'invite à m'assoir : Nous allons donc pouvoir commencer à travailler.

 

Moyenne Fée leva les yeux vers l'une des étagères sphériques et me demanda :

 

                                                                 "C'est bien du Grimoire des "समय के नौ दर्पण: उनकी सुरंगें" dont il s'agit ?

 

Savez vous que si Tenebræ ne m'avait pas donné expressément son accord, jamais vous n'auriez pu, ne serait-ce qu'approcher ce manuscrit des "Neuf miroirs du temps : leurs tunnels"... ... ... Et je ne suis pas certaine d'ailleurs que cela soit même une chance pour vous : c'est un Grimoire extrêmement dangereux dans des mains hésitantes".


Moyenne Fée ferma un instant les yeux puis s'éleva à 7 mètres du sol pour aller atteindre un Grand Carton d'un rouge sombre qu'Elle prit sous son bras et redescendit ensuite le poser sur

 

                                           une table en cristal en forme de croissant de lune qui était entourée de 7 poufs étoilés en olivine.

 

Après avoir ouvert le carton Moyenne Fée sortit le Grimoire et en souleva la serre d'Aigle en diamant qui le fermait comme un étau. "Tenebræ l'a écrit il y a bien des siècles... ...Mais au fait : Vous m'avez bien dit qu'il y avait un chapitre qui vous intriguait particulièrement n'est-ce pas ?"

 

 

                      Je m'apprêtais à lui répondre lorsque je vis soudain la texture de la couverture du Grimoire se métamorphoser.

 

 

 

( A suivre )