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   "Plus j'y réfléchis plus je sens qu'il n'y a rien de plus réellement artistique que d'aimer les gens." Vincent Van Gogh    

Partie 1

Mais d'autres soirs, qu'il vente qu'il pleuve ou qu'il fasse si froid comme ce fut le cas cet hiver là, c'était avec Moyenne Fée que j'avais rendez-vous et j'arrivais souvent tout haletant en m'ébrouant sous le grand porche de sa demeure de toute la neige qui recouvrait mon vieux Gloverall. Ho ! J'adorais par dessus tout faire chanter au moins 2 fois le carillon doré de sa porte qui égrenait mi ré do la ré si sol.

 

 

 

 

 

         La porte s'ouvrait et c'était toujours Balo un lutin campagnard enjoué et volubile en bleu de travail qui m'accueillait alors en me racontant chaque fois une petite histoire toute neuve emplie de érie sur sa forêt natale et sa nombreuse famille puis il me faisait attendre dans un vaste et haut vestibule aux boiseries d'un brun Senois douces et vernissées. 

 

              Je ne m'y sentais d'ailleurs jamais seul ces soirs de si grands froids car une bonne grosse vieille cheminée bavarde aux joues rouges, toute encombrée de bûches ardentes et crépitantes,  me tenait alors compagnie et aimait, tout en me racontant ainsi ses souvenirs, réchauffer tendrement mes mains qui en avaient tant besoin.

              Moyenne Fée en me recevant me demanda tout de suite des nouvelles

de petit Rendez Vous)🙃(Lala

 

 

 

 

 

 

 

et de ses parents. Je lui répondis que si petite Fée Baby)💙(Lala et son enfant se portaient effectivement bien, je n'avais par contre malheureusement aucune nouvelle à lui donner à propos du papa. "Ho ! Je ne doute pas qu'il aille fort bien lui aussi !" me dit Moyenne Fée avec un pétillement dans ses grands yeux qui était si charmant que sur le moment j'en oubliais même de me demander quelle pouvait bien en être  la cause et préférais y voir uniquement la marque d'une sincère attention aux êtres qui lui sont chers. Je lui dis que j'étais venu lui demander l'autorisation exceptionnelle de pouvoir regarder un des Grands Livres de sa bibliothèque et tout en lui parlant je me promettais dans un coin de ma petite tête de noter plus tard combien ce soir là particulièrement Moyenne Fée avait de tendres pensées et de merveilleuses prévenances  à mon égard )


               "De quel ouvrage déjà s'agit-il ? Ha oui ! Je me souviens ! Nous en avions parlé un jour rue de l'Odéon" me dit Moyenne Fée en s'élevant le long de hautes étagères obliques enchevêtrées dont les cimes si élevées se perdaient noyées dans une sorte de brume indicible. "C'est आप: मेरी निविदा भूलभुलैया" (Vous : Mon tendre Labyrinthe) lui dis-je "Celui qui a une tranche rose historiée. Oui ! Celui-ci". D'habitude Moyenne Fée savait que j'aimais être seul pour consulter ces Ouvrages Merveilleux dont les uniques exemplaires lui appartenaient, mais cette fois-ci Elle fut  toute étonnée et ravie d'entendre que je lui demandais comme une faveur qu'Elle reste avec moi pour le consulter, n'étant pas un traducteur infaillible des dialectes ancestraux dont ce Livre était rempli. Moyenne Fée vint s'assoir à coté de moi dans la Chambre des 7 Hathor et d'un long geste lumineux en arc de cercle Elle déploya le Grand Livre dont les pages s'ouvrirent comme des rues.


                 Nous travaillâmes cette nuit là jusqu'au petit matin : au moment où de petites étoiles elles aussi fatiguées vinrent s'endormir sur les plus hautes des étagères. Pendant que Moyenne Fée était partie nous préparer un Thé Matcha, je me levais pour me dégourdir un peu les jambes. La chambre des 7 Hathor était une sphère de verre perchée entre deux énormes branches d'un vénérable érable japonais au feuillage délicat et rose. Sur une partie de cette bulle irisée transparente étaient affichés des dessins, des coloriages et des portraits d'enfants : C'étaient ceux de petite Fée Baby)💙(Lala et de Tenebræ ! Si je reconnus tout de suite la première grâce à ce sourire élargi d'une tendresse ineffable qu'Elle avait conservé adulte et qui "agissait" sur moi en véritable talisman, je fus très amusé par contre de mettre beaucoup plus de temps à reconnaître Tenebræ qui devait avoir 7 ans et qui, habillée en vraie Sorcière, faisait son visage de fausse boudeuse qu'Elle avait avec moi... heureusement encore très souvent  !


                 Et si je reviens maintenant sur cette soirée passée avec Moyenne Fée, c'est que l'une comme l'autre furent la source de si merveilleux moments que, chaque fois que par la suite on me demanda des nouvelles de Moyenne Fée, son visage baigné d'une lumière orangée vint se détacher dans mon souvenir sur le fond lointain et bleu criblé d'étoiles de cette nuit au cours de laquelle je revois encore très distinctement sa main ornée d'une bague ovale d'un bleu Tiffany souligner de son index certains passages du Grand Livre.

 

                 Et parfois même, Moyenne Fée, sans me regarder, prenait ma main doucement et me faisait à mon tour souligner lentement du doigt le passage que je n'avais pas encore bien compris.

 

                                                                                     ". .. ...Alors vous aimez les voyages ?"

                                                                   chuchota Moyenne Fée tout en gardant ma main dans la sienne alors que

                     le Grand Livre continuait à déployer sous nos yeux d'ensorcelantes & majestueuses Terras Incognitas .

Je m'apprêtais à lui répondre simplement "Oui",  mon cœur gardant tout contre lui

le carton d'invitation à un  Dîner de Fées

qu'Elle venait de me donner, mais, en bonne Maîtresse de mes émotions,

la douce pression de la paume de sa main contre la mienne devança mes pensées

et je m'entendis lui  avouer : "celui-ci particulièrement."

 

"Moi aussi..." me dit Moyenne Fée, en gardant ma main prisonnière.

 

Nous restâmes un long moment silencieux : cette nuit entière de travail qui s'achevait

lentement fermait nos yeux et le vertige d'un sommeil sorcier me fit

croire tout à coup que Moyenne Fée & moi tombions en chute libre sur les pages

 

 

 

 

 

                                                                                                                          ~~

                    Balo, le Lutin nous enleva hélas soudain à notre délicieuse torpeur 

               en venant annoncer à Moyenne Fée : "Fée Tenebræ demande si Vous pouvez La recevoir."

 

"Allez vous cacher dans ma chambre : ce n'est vraiment pas le moment que ma cousine vous voit ici ! "

me dit Moyenne Fée avec la jubilation de jouer dans une toute nouvelle pièce de Feydeau.

" Vous reverrai-je seulement ?!?!!!?" lui dis-je en riant pendant qu'Elle me poussait de ses 2 mains

dans un couloir vers sa chambre.

"Que vous êtes bête !!!  Voyez : C'est la porte tout au fond et n'en bougez plus surtout !!!!!!! "

 

"Tu es seule ! Je ne te dérange pas !" dit Tenebræ à sa cousine qui venait à sa rencontre.

Pour celles et ceux qui ne connaissent pas encore Tenebræ, il  est important de savoir que Tenebræ

utilise un langage qui est le sien  avec sa propre grammaire son vocabulaire et son orthographe.

Les questions que posent Tenebræ sont rarement suivies d'un point d'interrogation.

Tenebræ ne s'interroge pas : sa pensée a force de Loi et ses questions ne précèdent toujours qu'un seul point :

celui d'exclamation !

Et avec sa cousine Moyenne Fée, Tenebræ en abuse avec ce plaisir sans égal qu'Elle a d'être

la Grande Cousine.

Quant à son vocabulaire si particulier : Tenebræ dit par exemple "incitation" au lieu de "invitation".

Et je m'aperçus bien vite que ces tournures de phrases si personnelles étaient souvent

toutes emplies de poésie et que ce qui les dictait toujours c'était l'honnêteté, la probité et l'amour quasi charnel

qu'Elle avait pour les mots.

 

" Sais-tu ma Cousine, que notre petite Lala s'est mise en tête de m'inviter à déjeuner dimanche prochain ! Cela n'est pas

in-ap-pro-prié en soi, même pour ma ligne... qui ne change pas. Enfin presque !

Non : tout  ceci serait même une assez gen-tille re-création - car cela fait au moins un mois, tu le sais,  que je ne l'ai pas revue...  ... ...depuis que...  ...Enfin bref  ! Si nous n'avions été qu'elle et moi cela aurait été une per-fec-tion !. Mais figure toi que son soi-disant compagnon... ...enfin ce type que je n'ai croisé qu'une seule fois - grand bien me fasse ! - sera là aussi ! Tu ne l'as jamais vu toi !!! C'est tout de même laborieusement boôounschi que petite Lala puisse penser me  faire plaisir en s'ingéniant en même temps à rendre plus que désagréable un déjeuner qui aurait pu être - sans ça - une  jolie, charmante et simple occasion de nous retrouver elle et moi.

Pour une fois !!!... Qu'en pens..."

 

Tenebræ soudain se tait , regarde tout autour d'Elle, puis fixe avec attention l'une des portes comme si il Lui avait semblé entendre un bruit.

"Oh... Ce que tu entends, c'est Balo qui restaure pour moi un fauteuil que j'ai ramené de Qena.

...Et Verna ? Il y a bien bien longtemps que je ne l'ai vue."

dit Moyenne Fée en regardant pensivement sur son balcon des fleurs déjà toutes illuminées par les premiers rayons du soleil.

"Ma Fille se porte à merveille ! Depuis des jours elle me rabat les oreilles au piano avec une espèce de sonate qu'elle compose pour je ne sais quelle pièce de théâtre que ses amis sont en train de monter.  Ils sont tous venus la voir l'autre jour et ont mis paaaartout un de ces bazaâAâars ! Et pourtant tu sais que ne suis pas regardante au désordre !
 Verna  appelle sa sonate "Gorgone des Abysses" ! Je ne sais toujours pas si c'est de la musique mais je sais au moins que ça fait du bruit !"

À cet instant toute la fierté que Tenebræ avait dès qu'Elle parlait de sa fille se manifesta sur son visage par un large sourire aussi rose que ses joues.

Tenebræ resta pensive un moment Elle aussi puis :

 

"Tiens ! Justement ! En parlant de fauteuil ! Tu connais notre petite Lala et tu sais combien

elle est partout très attachée à la douceur des choses. Certes je n'ai pas sa forme de caractère, loin s'en faut !,

ni son détachement  vis à vis de convenances qu'elle juge par trop souvent désuètes à mon goût mais je reconnais que

son Royaume est le plus douillet et chaleureux des nids. Et Fées savent combien j'aime un  certain Ordre des Choses, certaines valeurs dont la noblesse n'est d'ailleurs presque plus comprise par personne, mais enfin c'est ainsi : j'y tiens !.

Figure toi quand même et imagine le tableau ! :

La dernière fois que je suis passée voir petite Lala, la première chose que j'ai vue chez elle a été cet espèce

d'olibrius littéralement avachi dans le fauteuil que j'avais offert à Lala pour sa fête ! Et si ce n'était que ça !

Mais en plus ! Il y avait ses affaires, et quelles affaires ! Pfff ! qui traînaient partout  comme si il était chez lui !

Et, bien sûr, je n'ai pu enfin m'assoir que sur le vieux divan bancal de marraine Rawiya-Oum El Kheir 

que Lala veut laisser tel quel  et qui, chaque fois que je lui propose d'y jeter un sort,  me répond :

"Ha non  ! Tenebræ ! J'aime sa bancalité quand je fais mes travaux de bijoux. Pas touche !"

Avoue quand même Moyenne que notre petite Lala est vraiment une drôle de petite Fée !

Et surtout ! Ce que je ne comprends pas c'est comment elle peut arriver à sup-por-ter ce type qui est

resté bien tranquillement, comme ça !, affalé dans mon fauteuil à regarder les moindres de mes faits et gestes !

Mais heureusement, il est finalement parti quelques minutes après que je sois arrivée. Je lui ai fait peur sans doute !

C'est ma Grande Spécialité ça !"

 

"Je viens de faire du thé : En veux tu une tasse ? Ou du café ? Comme tu veux ?"