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   "Plus j'y réfléchis plus je sens qu'il n'y a rien de plus réellement artistique que d'aimer les gens." Vincent Van Gogh    

petit Rendez~~Vous)      (Lala va naître !

"Je suis prête dans un instant. Oh mais  je vois que vous regardez le plan de table, vous savez : certaines Fées viennent de très très loin pour ce dîner. Et cela n'a pas été sans difficulté, croyez moi, de pouvoir joindre tout le monde. Hélas, Fée Bérénice n'a pu se dégager de ses obligations sur Bételgeuse. Je le regrette bien, c'est une Fée audacieuse et courageuse qui a sauvé Rigel de tant de dangers et d'une si extrême perspicacité que vous auriez eu beaucoup de plaisir, j'en suis certaine, à parler de 1000 choses avec elle. C'est dommage. Mais une autre chose m'inquiète beaucoup savez-vous" ~~ "Ha ? Laquelle ?" dis-je à Moyenne Fée tout en continuant de découvrir les noms de toutes ces Fées que je ne connaissais pas et la place qu'Elles avaient sur le plan. " Je crains sans trop me tromper que Tenebræ va chercher à mettre le bazar dans ce dîner comme elle l'a si bien fait chaque fois au cours des années précédentes ! Et en plus, il se trouve qu'elle y a invité  2 de ses amies qu'elle n'a pas revues depuis des lustres !" 

 

             "Baby)💙(Lala me dit souvent que je m'inquiète pour rien, mais là, je vais devoir surveiller cela de près ! Enfin !... J'espère surtout que Tenebræ ne s'est pas mise en tête de faire un discours ! Car l'année dernière notre si sympathique dîner a viré au pugilat de comètes ! Si vous aviez vu cela ! Heureusement  Baby)💙(Lala a réussi à calmer tout le monde mais quel souvenir  nous en avons gardé ! Décidément ma cousine Tenebræ a un don pour marquer le moindre dîner de son sceau !"

 

               "Mais vous me semblez tout songeur tout à coup : Non... Non ?!?! Ne me dites pas que Tenebræ a préparé un discours cette fois-ci aussi ?!?!"

             Moyenne Fée avec élégance et un tact invisible me montra qu'Elle n'attendait pas de réponse de ma part. "Après tout nous verrons bien !... Mais d'abord, cela vous ennuierait-il si nous passons chercher la Fée Blanche avant d'aller à ce dîner ? Je sais que Baby)💙(Lala est impatiente de vous retrouver : aussi nous ne nous attarderons pas. Blanche tient absolument à me voir seule avant ce dîner. Au fait : Comment trouvez vous ma cape bleue ? Elle ne fait pas trop démodée ? Je ne l'ai pas portée depuis des siècles ! C'est le cas de le dire ! La dernière fois c'était chez la Duchesse de Mantoue : tout cela me semble si proche tout à coup ! Allons ! Vite ! Partons chez la Fée Blanche !"

                     Pendant que nous allions chez la Fée Blanche une neige légère commença tout juste à danser autour de nous, et la joie rieuse avec laquelle  Moyenne Fée me parla pourtant très sérieusement de Marguerite de Savoie fut pour moi si contagieuse que lorsque Moyenne Fée me présenta à la Fée Blanche je saluai celle-ci royalement à dix mètres comme un Miguel de Vasconcelos ! Alors qu'Elle me dévisageait souriante et intriguée, je la regardais : son visage aux lignes pures était d'une très grande beauté mais qui tenait à  une toute autre raison : il y avait dans le visage de la Fée Blanche un dosage parfait et pour ainsi dire inouï de majesté mêlée de familiarité  et d'une sorte de soudaine embellie qui balayait d'un coup toute triste pensée quelle qu'elle fut.

 

              "Vous allez, car je crois vous connaître un peu,  être bien content..." me dit Moyenne Fée d'une voix secrète, douce fruitée et ronde comme une orange de Noël.  "...Blanche a le bonheur de posséder quelques aquarelles de Tenebræ qui vous intéresseront certainement beaucoup." Puis s'adressant à la Fée Blanche : "Notre conversation aussi courte qu'elle soit risque fort de l'ennuyer ! Aussi, Blanche, peux tu les lui montrer". La Fée Blanche me prit la main : "Venez  ! Je vais vous conduire vers elles : Votre regard  leur offrira un plaisir tout neuf !". Au bout d'un couloir d'un bleu nuit la Fée Blanche ouvrit une porte toute bleue elle aussi  puis Elle s'effaça devant moi : "Voilà c'est ici : Je vous laisse".

 

Entendre parler des choses est une chose. Mais avoir soudain la chance de les voir est tout autre chose ! J'étais maintenant si heureux d'être seul face à ces aquarelles ! Je restais, immobile devant elles, à fermer mes yeux, à les ouvrir, à les refermer, à les rouvrir pour être bien certain que je ne rêvais pas.

               J'éteignis mon portable pour ne pas être dérangé. Face à moi sur le mur il y avait  deux aquarelles de Tenebræ et  entre elles  une photo. Sur le mur à ma droite  : deux peintures,  et je reconnus tout de suite l'une d'elles pour l'avoir, par chance, aperçue furtivement chez petite Fée Baby)💙(Lala un jour où Tenebræ, après la lui avoir montrée, était en train de la reglisser dans son carton à dessin.             

               Je regardais de près la photo entre les deux aquarelles : C'était petite Fée Baby)💙(Lala qui "posait" à contre-jour devant une peinture de sa cousine Tenebræ. Était-ce parce qu'il était dans l'ombre mais le visage de petite Fée Baby)💙(Lala marquait soudain avec évidence son air de famille avec Tenebræ, air de famille qui restait toujours invisible en pleine  lumière du jour. La peinture à coté de petite Fée Baby)💙(Lala représentait un visage au regard perçant avec une sorte de bandeau à fleurs sur le front. Là : Pas d'hésitation ! Le  style Tenebræsque y éclatait sans mesure ! Mais étais-je le seul à percevoir dans cette peinture de Tenebræ, et dans bien d'autres d'Elle, un sourire toujours présent mais jamais montré, qui se cachait exprès pour mieux nous dire : "Oui ! Regarde moi si tu veux mais moi je te vois aussi !!!!"

             

               Au reste, et ce avant même de revenir sur les deux aquarelles, les deux peintures sur le mur à droite confirmaient une autre impression que j'avais eu en regardant la photo. Que ce soit ce quart de visage sous un bonnet noir sur un fond rouge qui faisait ressortir l'œil vert luzerne ou mieux encore ce portrait de femme aux cheveux rouge carotte, dont la moue si sérieuse était si attirante qu'on posait sans retenue contre elle le sourire d'amour de nos lèvres, à défaut d'être toujours pour cette jeune fille la seule tasse de café possible pour son petit déjeuner ! :D Oui : ces deux peintures, d'un bond, enjambaient des années frileuses et grises pour regarder loin loin, très très loin devant, les lointaines années lumineuses et secrètes de Vlaminck, van Dongen ou Derain


           On frappa à la porte : C'était Verna Accipiter Nisus. "Tu regardes les peintures de maman ? Celles-là tu ne les connaissais pas ! Hein ! Avoue ! Mais avoue le donc !!!" me dit-elle joyeusement en se débarrassant de son manteau rose sur lequel la neige à peine fondue qui scintillait encore le saupoudrait de sucre comme un délicieux gâteau.  "Oui j'avoue ! Mais que cela reste entre nous au moins pendant deux secondes !  :D Mais au fait ! : Que fais tu ici Verna ?!?!"  ~~ "Attends ! D'abord deux vrais bisoux d'origine garantie et ensuite j't'explique !" ~~ "Bon ! Soit !" fis je en plissant des yeux attentifs vers elle "Mais dépêche toi ! Que se passe-t'il ??? Hummm : Tu as les cheveux bleus maintenant ?!? C'est ça  ???"

 

             ~~ "Mmouiii J'ai décidé ça sur un coup d'tête magique ! Pour le dîner ce sera parfait ! Mais attends : Non c'est pour autre chose : 'Faut que j'te' montre un truc...."

Verna ouvrit un vieux et vénérable cartable en cuir gravé d'un T que je reconnus et en sortit les pages d'orchestre de l'Andantino qu'elle allait diriger ce soir même pour le Dîner des Fées. Verna me tendit l'introduction : "Tiens regarde donc :"

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

"Et alors ? Verna , qu'y a t-il ?"

~~ "Bah tu vois pas ?! Y manquait le S alors je l'ai rajouté mais surtout il y manque une chose plus qu'importante : capitalissilissime même ! Cela ne te saute pas aux yeux ???..."

~~ "Non Verna... j'vois pas..."

~~ "Le Tempo !!!! Triple Zéro ! Le Tempo !!!"

~~ "Ha oui... ...76.  Mais Verna je sais bien que tu sauras le faire jouer comme tu le sens : librement avec ravissement. Voilà pourquoi il n'y a rien de marqué.

~~ "Tu as tort de me faire confiance !" me dit Verna en enfilant son manteau  "Bon  Je m'sauve  ! Et toi aussi tu vas être très très en retard si tu restes planté là !  Adieu ! J'vais tout dire à maman !!!"


                     J'étais toujours heureux de retrouver chez Verna ce trait d'humour tendre et joueur si particulier qu'Elle tenait de sa maman et dont Elle jouait bien plus souvent que Tenebræ ne le faisait avec d'autres que moi, et Verna était une lectrice remarquable, capable de détecter d'un seul coup d'œil la moindre erreur dans l'édition d'une partition. Je pouvais toujours compter sur Elle. Notre estime était réciproque. Sans faille. Par contre j'étais bien triste de ne pouvoir rester contempler ces aquarelles qui, devant mes yeux, faisaient si joliment tout pour me retenir,  et hélas Verna avait raison : j'étais déjà en retard et surtout je ne voulais pas faire attendre davantage Moyenne Fée et la Fée Blanche qui m'avait offert d'une façon si personnelle et si charmante cet instant de solitude avec les tableaux de Tenebræ.



                  En me voyant revenir Moyenne Fée et la Fée Blanche firent comme si Elles commençaient tout juste à prendre leur manteau, à la fois par délicatesse et courtoisie à mon égard et aussi surtout parce qu'Elles nous savaient maintenant déjà très en retard pour aller à ce Dîner de Fées. La Fée Blanche qui  portait une sorte de manteau portefeuille en vigogne qu'elle finissait de nouer à sa taille me dit " Ne vous inquiétez pas : vous aurez certainement l'occasion de revenir les admirer ! En tout cas ma porte vous sera toujours grande ouverte !"

                     Alors que nous étions en bas du Grand Escalier Moyenne Fée me dit : "Nous allons faire quelques pas dans la neige puis ensuite nous prendrons le Passage... ... Ho ! Mais j'ai oublié mon sac chez toi Blanche !"

 

                        ~~ "Je grimpe Vous le chercher !!!" dis-je à Moyenne Fée pendant que la Fée Blanche me tendait ses clés.


~~  "Mais au fait ! Comment est-il votre sac ? Ce n'est tout de même pas cette chose hideuse et jaune
que j'ai vue trainer sur une chaise ??!?!!!"

~~ "Mais si ! Justement !!!...  .. . .. ...Ho ! Que vous êtes bête !!! Et je vous réponds en plus !"

                       Chez la Fée Blanche,  le sac jaune de Moyenne Fée était effectivement  sur une des  chaises du vestibule (un sac pareil ! Mais comment avait-Elle pu l'oublier ?!?!?!!) et avant de repartir je suis vite retourné dire bonsoir aux tableaux de Tenebræ et, du bout des doigts, j'embrassais aussi ses aquarelles qui, réveillées par la porte entr'ouverte les inondant de lumière, dansaient maintenant sans retenue devant moi et m'envoyaient les sourires de leurs rêves.
 

 

 

 

                       Dehors en effet maintenant il neigeait en abondance et la rue tout entière était blanche lumineuse. Les crissements souples assourdis et ouatés de nos pas dans la neige rythmaient doucement nos conversations.

                       "Vous m'avez parlé de la Duchesse de Mantoue..." dis-je à Moyenne Fée  "...mais il me semble bien qu'elle était violemment opposée à toute indépendance pourtant légitime du Portugal ? Non ?"

                         ~~  "Oui bien sûr, et je dois avouer à ma grande honte, n'avoir pas su lui faire comprendre assez tôt combien son obstination était vaine, d'autant plus que je comptais nombre de mes amis parmi les letrados et je voulais en quelque sorte les protéger, d'ailleurs  à ce propos je me souviens parfaitement que l'un d'eux, João Pinto Ribeiro, m'avait avertie d'un plan qui se préparait pour s'emparer du Palais Ribeira. Et puis je me dois de vous dire aussi que le Duc de Bragance avait pris, bien timidement hélas, et pour ainsi dire "sans se mouiller" si peu parti en faveur des arguments si ardemment défendus et le mot est faible, par Dona Luisa de Gusmão, pour la liberté de la patrie Portugaise, qu'il avait même pris soin d'ajouter en plus qu'il désavouerait toute action si celle-ci conduisait à un échec ! Mais par contre si elle réussissait, eh bien, il voulait bien être Roi !!! Quel courage !!!... Tels sont certains Princes. Pas tous heureusement."
           
                            Je m'apprêtais à demander à Moyenne Fée si cette Dona Luisa de Gusmão était telle qu'on la voit sur certaines gravures et surtout aussi qu'Elle me parle du rôle important qu'avait joué Antão de Almada, quand sur le trottoir d'en face, à quelques pas de nous, je crus reconnaitre mon amie Julie que je n'avais pas revue depuis des mois. C'était bien elle : en me voyant elle vint à ma rencontre :

                                      "Ha ça alors ?!!! Toi dans Paris ?!  Si je m'attendais !!! Cela fait combien de temps ? Longtemps ! Ho la la ! En plus c'est incroyable !  Tu sais je ne suis là seulement que pour quelques jours et boum ! Je tombe sur toi ! je retourne avec mon cousin Mathys à Lastra A Signa dès vendredi, tu sais, pour ranger... ...enfin...  ...Ho  ! : J'ai  retrouvé dans un des cartons de Fabrizzio une photo de toi avec sa Fender basse... Tu es bien le seul à qui il la passait ! Il faut absolument que je te l'envoie ! Mais il faut aussi  que j'y pense surtout... Ho... mon Dieu... si tu savais .... il n'y a pas un jour où je ne pense pas à lui...c'est si terrible si injuste.... excuse moi...   ... Et te voir maintenant me fait revivre tant de merveilleux moments avec vous... avec tous les autres... ...Et tu te souviens de ce "fameux" livre que nous voulions écrire ensemble ?!!... ...Avons nous donc tant changé ???"

 
                         
           -  "Ho oui !!!... sans aucun doute !..." lui dis-je en riant tendrement puis, sérieusement, tout en pointant un doigt vers son cœur puis vers le mien :  "... Mais pas ça, Julie, non pas ça : ça ça ne change pas."

 

Je regardais Julie : ses beaux yeux verts cernés en amandes avaient retrouvé tout leur éclat mais semblaient toujours avoir pleuré.

Et même, me sembla-t-il tout récemment.

 

- "Tu doit être bien fatiguée" lui dis-je en pensant à la perte de Fabrizzio.

 

-  "Ho... C'est surtout le travail et la maintenance de mon site qui me prend beaucoup de temps ces jours-ci. Mais heureusement Mathys

m'aide beaucoup beaucoup."

 

- "Tu devrais te couper du web pendant quelques temps..." lui dis-je "...l'informatique et Internet fatiguent d'une manière si pernicieuse que bien souvent

on ne s'en rend compte que trop tard.

Tiens : Prends mon Polaroid Lab je te le prête, il t'aidera peut-être.

Mais fais donc plutôt comme moi : "Baby NO web !"




                     Je la présentai à Moyenne Fée et à la Fée Blanche.   Julie, en dévisageant Moyenne Fée, lui dit :

                               "Ne nous serions nous pas déjà rencontrées ? Je crois bien que c'était en janvier au Salon d'Art Contemporain... Non  ?..."                              

                                           "A ma connaissance : non..." lui répondit Moyenne Fée "...Ceci étant, c'est une chose qui aurait pu être, sinon possible,  au moins imaginable, et même, pourquoi pas, tout à fait envisageable ! Sauf qu'à cette période j'étais en Égypte. Non, je crois bien plutôt que vous avez probablement, même très certainement dû y voir ma Grande Cousine qui me ressemble beaucoup physiquement, sauf ses cheveux qui sont noirs alors que les miens sont oranges tirant légèrement vers le roux, et qui raffole de ce genre de chose ! Oui. Très probablement : c'est elle que vous avez dû croiser !" Et Moyenne Fée, le sourire aux lèvres  en lui disant cela, appuya un peu plus sur les mots "même très certainement" "raffole de ce genre de chose" et "très probablement" car elle se souvenait fort bienqu'un jour Tenebræ  lui avait dit :

 

"Mais comment ?!?!?!! Tu n'y vas pas ?!?! Mais c'est tout à fait in-con-ce-vâÂâble ! Tu ne dois surtout pas rater ça !!!"
                                         
                                          Je souriais moi aussi car je retrouvais chez Moyenne Fée les intonations de sa cousine Tenebræ qui, en s'intéressant à l'art contemporain, vivait pleinement le monde d'aujourd'hui.
                                     
                                  "Ho ! Mais je vous retarde !..." dit Julie "...D'ailleurs il est déjà 20 heures et mon cousin m'attend rue Gramont. Nous allons au ciné voir Les arbres vont vite." Puis après m'avoir fait ses 3 bises réglementaires : "N'hésite pas à venir me voir à mon retour d'Italie ! A très bientôt  surtout !"

                                          Je regardais Julie s'éloigner, se noyant dans le flot des passants, tout en pensant à ce que Moyenne Fée venait de lui dire à propos de sa cousine Tenebræ lorsque la Fée Blanche me dit : "j'espère que vous n'avez pas trouvé ma chambre trop en désordre, je ne m'attendais pas du tout aujourd'hui à ce que quelqu'un vienne regarder les peintures de Tenebræ !"

                                          "Comment ?!? C'était votre chambre ?!?..." lui dis-je "... Ho alors je vous suis d'autant plus redevable de m'avoir offert ainsi ces quelques instants en compagnie de ces aquarelles et peintures.  Je n'ai regardé qu'elles et je serais bien incapable de vous dire si j'étais dans une chambre ou dans une cuisine ! Mais ce privilège que vous m'avez accordé me donne le plaisir de vous redire combien je vous remercie pour cette délicate attention que vous avez eu pour moi."

                                          "Je crois bien vous comprendre ..." me dit la Fée Blanche "... C'est pour avoir le matin le bonheur de les contempler en me réveillant et de m'endormir le soir en voyageant avec elles que j'ai tenu à ce qu'elles soient dans ma chambre. Mais : promis ! La prochaine fois je vérifierai si mon lit est fait ou non avant de vous y accueillir !"

                                           La beauté de la Fée Blanche alliée au genre d'esprit qu'elle avait, formait un tout véritablement charmant et rare car non dicté par le seul et vain désir de plaire mais  par celui d'être elle-même simplement : de se montrer aux autres telle qu'elle était, et dans lequel ne jouaient jamais ni le moindre rôle ni la moindre idée d'être un personnage montrant sans cesse sa science et son intelligence. En cela la Fée Blanche rejoignait, sans même le savoir, ce qui m'attirait tant entre mille autres choses dans les peintures de Tenebræ.

                                                          "L'embêtant avec votre chambre..." dis-je à la Fée Blanche "...C'est justement que ces peintures de Tenebræ y soient !!! Car une fois qu'on les regarde on n'a plus envie, mais alors plus du tout envie de les quitter !!!"

                                                 "C'est, pour le moins, fâcheux  en effet !..." me dit en riant la Fée Blanche "...Comment peut-on faire ? J'ai pourtant besoin de dormir de temps en temps dans ma chambre ! Vous semblez tenir tellement à elles ! Je peux vous les prêter pendant quelques temps, prêter seulement ! Car il faudra me les rendre ! J'y tiens aussi !"

     "Et toi Moyenne ? Tu les prêterais à ce garçon ?!? ..." demanda avec jubilation la Fée Blanche  

"... Car vraiment je ne suis pas du tout certaine qu'il me les rende un jour !!!""

                                                          

         "Ho ! Moi c'est très simple Blanche ! Je ne prête jamais : Je donne." répondit rêveusement Moyenne Fée en regardant des flocons de neige fondre doucemement dans le creux de sa main.



                                                  "Écoutez : voilà ce que nous allons faire..." me dit la Fée Blanche  "... Je souhaitais depuis longtemps refaire entièrement la décoration de cette chambre : en voilà donc l'occasion en vous les prêtant. Mais je vais pendant tout ce temps être sacrément malheureuse sans elles  ! La déco c'est bien beau mais  ça ne les remplace pas !"

                                                    "Pour ma part je vis très bien sans tout ça !!!" nous dit avec un humour gourmand Moyenne Fée en s'emmitouflant encore davantage dans sa cape bleue et la neige qui la parsemait en faisait un manteau royal et pavoisé.

                                                         Et Moyenne Fée amusée savait pourtant bien que ce qu'Elle disait n'était pas vraiment vrai : Elle possédait chez Elle plusieurs œuvres de sa cousine Tenebræ dans le Grand Salon maritime de sa somptueuse demeure située dans son immense forêt. Elle m'avait invité à venir les voir autant de fois que je le souhaiterai. J'avais chaque fois hélas décliné ses invitations par manque de temps.



                                                                    Par curiosité je demandai à la Fée Blanche comment elle allait décorer sa chambre. "Ho  non  ! Ce  n'est pas moi qui vais le faire  ! C'est Markus Dee Dee qui va s'en charger !" me répondit-elle avec l'enthousiasme  d'une jeune fille qui sort pour la première fois en boite sans l'autorisation de ses parents.

                                                                      

  "C'est un décorateur américain ?" lui demandai-je.


                                                   
                                                               "Non ! Non! Vous n'y êtes pas du tout !..." s'exclama hilare la Fée Blanche "... C'est un espagnol ! Markus the most Dangerous Décorator ! Il a le même accent que Salvador Dali et autant de talent, enfin presque...!!!  Il veut bouleverser ma chambre dans des tons gris ! En faire une espèce de sala-oficina !!! Il m'a même dit : "Yé métré dou gri partout !" Markus me fait un peu peur parfois ! Mais j'ai pu obtenir de lui que les poignées des portes soient jaune colza et celles des fenêtres rose incarnadin ! Je ne vais pas me plaindre !" Et la Fée Blanche éclata de rire en ajoutant : "Et vous me rendrez alors les tableaux de Tenebræ sinon j'irais dormir à l'hôtel !!!"



                                                                          "Ho ! Vous n'y seriez pas forcément dépaysée..." dis-je à la Fée Blanche "...Il y a déjà tant de chambres d'hôtel aujourd'hui qui ne ressemblent qu'à des bureaux ou des agences bancaires." Et en disant cela je pensais tout au contraire à une chambre d'hôtel où je n'avais pu fermer l'œil de la nuit tant elle était toute encombrée de couleurs joueuses heureuses et joyeuses qui excitaient mon imagination.

                                                

                                                                               "Je dois dire que ma cousine Tenebræ  a plus de flair que moi dans le choix de ses hôtels !..." dit Moyenne Fée "... Je ne sais d'ailleurs comment elle s'y prend mais pour ma part, moi je ne cherche plus et je me fie toujours maintenant à son instinct pour m'en trouver un lorsque je voyage."



                                                                              "Ah ?... Je ne le savais pas... " lui dis-je surpris "Pensez vous que  Tenebræ accepterait de  me conseiller un bon hôtel dans Paris ? Ce genre d'adresse est toujours très utile."

                                                                                         

                                                                               "Ho ! Je suis bien certaine qu'elle saura vous trouver quelque chose !" me chuchota la Fée Blanche" puis elle continua à voix haute : "Mais au fait ! Dites moi donc ! Qu'est-ce qui vous plait tant dans les aquarelles de Tenebræ ??? Moi je vous avoue que je préfère ses toiles qui, pour moi, ont plus de rythme, d'allant."



                                                                 "Au risque de vous décevoir c'est justement ce que j'aime dans les aquarelles de Tenebræ" dis-je à la Fée Blanche.  "Elles se contentent d' être, sans mobile et sans autre justification que celle d'exister. Ces aquarelles s'offrent à nous toutes nues. Je m'y sens bien dès que je les vois. Elles me visent droit au cœur." Et j'ajoutais en riant  : "Ni l'intelligence ni la sensibilité n'y sont d'un quelconque secours je vous assure !"

-                                                                    "Mais dites donc ! C'est une véritable déclaration d'Amour !..." me dit la Fée Blanche "...Je comprends mieux maintenant pourquoi vous êtes resté si longtemps à les regarder ! Mais soyez rassuré, vous pouvez compter sur ma discrétion : je ne parlerai pas de votre flamme à Tenebræ !"

Ainsi donc j'étais resté "si longtemps" à regarder ces aquarelles... Il m'avait semblé ne les avoir contemplées que quelques minutes seulement... La Fée Blanche me sortit encore une fois de mon rêve en disant : "En fait vous êtes amoureux ! Les amoureux ne voient jamais le temps passer ! N'est-ce pas Moyenne ?!?"

 

 

 

Fort heureusement Moyenne Fée avec la plus charmante des délicatesses me sauva de mon silence qui était pour la Fée Blanche comme la reconnaissance et l' acceptation tacites de ses propos.

 

~~ "Pourriez vous m'aider à remettre ma capuche, avec ce vent je n'y arrive pas"

                 Les longs cheveux roux orangé de Moyenne Fée voletaient autour de ses épaules. Elle les ramassa d'une main derrière son cou et je sentis leurs caresses pendant que je relevais lentement la capuche. Moyenne Fée de l'autre main, tenait bien serrée l'encolure de sa cape bleue toute émaillée de cristaux de neige étincelants. A son doigt une bague étincelait elle aussi comme l'océan bercé par le soleil.

                ~~ "Vous regardez ma bague ???..." me dit Moyenne Fée avec un étonnement amusé "... Celle-ci ne m'a rien couté je l'ai échangée aux Puces contre un vieux jean à moi ! Elle ne vaut rien mais j'y tiens !"
           

 "Zut2Zut ! Et moi qui voulais vous offrir mon blouson en échange !..." lui dis-je

                 ~~ "Ha ! Non ! Certainement pas ! Cela ne serait d'ailleurs pas raisonnable du-tout-du-tout ! Et puis surtout : vous perdriez au change ! Cette bague est vraiment en toc ! Par contre ceci, oui, est un véritable diamant rose de Saïph..."

                       Et Moyenne Fée me montra un cœur transparent qui pendait à son cou.
"Et ce que j'aime..." me dit-Elle "...C'est que cette pierre a le merveilleux pouvoir de mémoriser le visage de la dernière personne qui l'a regardée..."
"Mais ?!?!!!!  Ça alors !!!!! : Cette pierre a volé mon visage !!!" lui dis-je.
~~ "Rassurez-vous ! : Personne, absolument personne n'en saura jamais rien... .. ."
Et Moyenne Fée laissa glisser le pendentif entre ses seins.

"Bien : n'en parlons plus alors ! Ce cœur est heureux là où il est !!!... "
"...Mais Vous : Vous semblez avoir froid..." lui dis-je en lui offrant mon écharpe.

Moyenne Fée la noua d'un geste ample autour de son cou.
~~ "Ho !  Comme vous êtes gentil ! Oui c'est vrai : je ne me suis toujours pas  habituée à votre type de climat !
Je dois être un peu frileuse ! Pas vous ?"
"Non. Pas aujourd'hui !  :D"



Nous marchons côte à côte, je suis entre la Fée Blanche et Elle.
Pendant que Moyenne Fée me parle je tourne la tête de temps en temps
vers son visage dont je n'aperçois plus maintenant que
le bout de son

 

nez

dépassant à peine de la capuche bleue.
Et je lui fais répéter certaines choses qu'Elle me dit à propos
de l'histoire, de la géographie de son Pays que je ne connais pas
et qui me transporte, tant je suis charmé par sa voix, dans une sorte de contrée rêveuse
baignant tout mon être dans un bonheur limpide effervescent !


                                       "Mais là où nous allons il fait un temps merveilleux vous verrez !" me dit la Fée Blanche à la fois
pour me faire plaisir et aussi pour participer à notre conversation  qui, sans que je m'en rende compte, la laissait un peu à l'écart.

                                 

   Moyenne Fée se tourna alors vers Elle et lui dit : "Toi qui connais mon Pays presque autant que moi, tu peux comprendre que c'est pour lui tout un monde !"

                                       Et la façon dont Moyenne Fée dit "tout un monde !" me plongea soudain directement dans la promenade que j'avais faite une nuit en compagnie de Tenebræ  en direction de son Château !!! :D


​​​

~~ Vous ai-je dit que ma cousine me parle souvent de vous chaque fois qu'elle vient me voir ?" me dit Moyenne Fée
- "Ha non. Vous me l'apprenez.  Cela me touche vraiment beaucoup..."dis-je tout ému
"... Si Vous saviez combien petite Fée Baby)💙(Lala est merveilleuse et éblouissante avec moi.
Elle me rend si heureux."

~~ "Non non ! Je vous parle de Tenebræ ! et je crois bien  volontiers que
d'une certaine façon vous l'avez, comment dire... .. ."

 Moyenne Fée saisit alors au vol du bout des doigts le mot qu'Elle cherchait
et qui venait enfin vers Elle.

"...vous l'avez, oui c'est ça : Vous l'avez comme adoucie !"
- "Vous m'étonnez !..." dis-je alors que Moyenne Fée s'était arrêtée et me dévisageait.

Une eau d'un bleu limpide et clair miroitait dans ses yeux.


 "... Oui  ! Vous m'étonnez ! On ne doit pas donner le même sens aux mots. C'est donc ça !!! :D.
Car la dernière fois que je L'ai croisée, Tenebræ ne m'a pas semblé,
  je vous assure,  particulièrement adoucie, comme Vous le dites !"

~~ "Ho ! Vous exagérez !...  C'est juste que vous la connaissez encore bien mal !"
me dit Moyenne Fée avec un sourire si tendrement élargi qu'il me sembla tout à coup avoir

soudain en face de moi petite Fée Baby)💙(Lala et non Moyenne Fée !

Je demandais à  Moyenne Fée si, comme ses deux cousines, Elle avait Elle aussi la passion de la création .

Elle me répondit en riant :

"Oh non ! Pas du tout ! C'est vrai,  j'aime la couture, mais juste pour me faire des petites robes toutes simples ou des pulls. Je ne suis pas difficile dans mes goûts ! Et Tenebræ me le reproche assez ! Mais heureusement Baby)💙(Lala adore m'aider pour le choix des couleurs ou pour toutes les petites retouches par ci par là et il y en a ! Je vous déçois n'est-ce pas !" ajouta-t-Elle avec un sourire à la fois d'abnégation

et de défi dans sa voix qui déjà devinait en moi tout le contraire.


"Tu n'as pas...  ...tricoté aussi un bonnet une fois ?!" lui dit la Fée blanche en réajustant son béret.

"Ça Blanche : ce n'est  pas très gentil de me le rappeler !"
dit Moyenne Fée sur un ton amusé.

"Oui figurez vous qu'une fois j'ai voulu, pourquoi pas,  essayer de me faire un bonnet à pompon
  et cela a été une véritable catastrophe ! Tenebræ l'a pourtant trouvé très réussi
et l'a même gardé en souvenir ! Elle le porte parfois : il lui arrive jusqu'au menton !
Il faut dire que Tenebræ adore les couvre-chefs. Elle les collectionne :

elle a aussi  je ne sais combien de chapeaux de sorcières différents ! Et Tenebræ en choisit un
lorsqu'elle est invitée chez des gens qu'elle ne connait pas encore :

"Pour tromper son monde !" comme elle dit souvent !!!"

Moyenne Fée s'arrêta un instant en me dévisageant et ajouta  avec un sourire  désarmant  :

 

"Mais ça vous le saviez déjà n'est-ce pas - Non ?!?"

 

 

 

 

 

"Vous ne le savez peut-être pas ...." me dit la Fée Blanche "... mais durant ce dîner, je serai placée à coté de vous et je suis si heureuse aussi de revoir Baby)💙(Lala ! Surtout avant son long voyage ! En réalité, pour ne rien vous cacher : ma place à l'origine était à coté de Naja mais moi je ne veux rien avoir à faire avec cette Fée là ! Tant de nouvelles effarantes circulent sans cesse à son propos ! Il doit certainement y en avoir au moins une de vraie dans le lot !.

 

Et moi je ne veux surtout pas avoir de lien ni d'histoires de près ou de loin avec ce genre de personne !.

Il n'en reste pas moins qu'elle est une très fidèle amie de Tenebræ, mais que voulez-vous, je ne peux tout de même pas être l'amie de cette Naja ! N'est-ce pas Moyenne ?"

                     "Ho tu sais Blanche...  ...Cette Naja ne doit pas être bien dangereuse. En tout cas j'y veillerai !" lui répondit Moyenne Fée avec ce sourire tendre et doux qui masquait parfaitement, pour celles et ceux qui ne la connaissaient pas, une détermination souveraine à laquelle se soumettaient toutes les autres Fées avec enthousiasme, gratitude et respect, mais pour d'autres : avec une crainte sans limite comme c'était le cas pour la Fée Naja et la Fée des Abysses.

 

                    Si je n'avais pas à chercher longtemps ni très loin dans ma mémoire pour retrouver des moments à peu près identiques à celui que je vivais en ce moment, c'est qu'en somme, je me disais que cette promenade nocturne enneigée, rendue toute douillette et toute choyée comme un nid duveteux par les conversations chaleureuses et toutes simples que j'avais avec Moyenne Fée et la Fée Blanche, me semblait être la grande sœur jumelle de bien d'autres moments que j'avais vécus par le passé dans d'autres lieux avec d'autres gens et même en d'autres saisons.

                      

                                                      Heureusement je me trompais. Et heureusement pour mon plus grand bonheur j'allais m'en rendre compte dans l'instant qui suivit.

 

 

 

 

 

 


                   Les flocons de neige étaient à la fête ! Ils dansaient dans l'air : tourbillonnaient en tous sens. Je regardais le beau visage de Moyenne Fée, son profil illuminé d'or par la vitrine devant laquelle Elle venait de s'arrêter pour montrer quelque chose à la Fée Blanche : "Ho ! Regarde ce foulard !  C'est le genre de chose, tu sais,  que j'adorerais porter ! et sans aucune raison je t'assure !..." Et en disant cela, Moyenne Fée  quitta des yeux la vitrine et resta un court instant rêveuse, à regarder la nuit qui nous entourait puis Elle se tourna vers moi : "N'est-ce pas que... .... ...il est beau.... ? Non ?... Vous... Vous ne.... trouvez pas... .. ." Je m'apprêtais à lui répondre, quand pour la première fois, je vis dans les yeux de Moyenne Fée une douceur si sérieuse si éperdue, une sorte d'alarme : comme si d'un coup tous les pouvoirs si immenses qu'Elle possédait n'étaient soudain plus rien à ses yeux. Et ma surprise fut si grande d'en être à l'instant même si profondément bouleversé que, pour cacher le trouble qui m'envahissait, je lui dis avec enthousiasme  :

            "Entrons dans la boutique ! Et  allez l'essayer ! il ne vous quittera plus :D" et je m'empressais d'ajouter pour vaincre toute hésitation de sa part : "Qui sait ?!?! il ne sera peut-être même plus là demain !!! Et votre sac assorti vous en voudra ! :D"

                                                                   "Ho ! Ne lui dites surtout pas ça !!!" s'exclama en riant la Fée Blanche.

             Moyenne Fée se mit alors à fixer mon regard un long moment puis après avoir regardé les fantômes fidèles de nos pas sur la neige,  Elle relève la tête vers moi et d'une voix radieuse vive et amusée : "Décidément vous me connaissez bien mal ! Je sais être raisonnable je vous assure !!! Et puis dites donc ! Souvenez vous lorsque vous étiez venu me voir pour consulter le Grand Livre आप: मेरी निविदा भूलभुलैया il me semble qu'alors vous étiez infiniment moins raisonnable que moi !!! Ha ! Quand même ! La mémoire enfin vous revient !!!! Vous avez un très beau sourire quand la mémoire vous revient ainsi  ! Savez-vous !!!!"

                  "Vous aussi ! Oh Oui ! Vous aussi je Vous assure !!!" lui dis-je  et Moyenne Fée en prenant ma main m'entraîne avec la Fée Blanche  vers le Passage en disant "Dépêchons nous ! Dépêchons nous ! Nous sommes en retard en retard en retard !" telle le Lapin d'Alice.

 

                 Je me demandais bien où j'allais, entrainé à si vive allure par Moyenne Fée et la Fée Blanche sur la neige devenue si verglaçante maintenant par endroits que de temps en temps la Fée Blanche y glissait tellement qu'Elle s'accrochait ex abrupto à mon bras, les joues gonflées et rouges comme une pomme d'Amour  en pouffant de rire : "Oups ! Laaaa  !  Heureusement que vous êtes là ! J'aurais mieux fait de chausser mes Silver Boots mais Moyenne Fée ne m'en a même pas laissé le temps ! Vous : vous avez pensé aux  vôtres au moins ! Ho ! Mais regardez la comme elle file !!! Et pourtant elle n'a que ses vieilles baskets dorées ! Elle est incroyable !..."

 

                Puis la Fée Blanche redevint d'un coup toute sérieuse :

              "... Et admirable surtout.  C'est pour elle, savez-vous,  que même des Fées de  galaxies très très lointaines seront là pour ce Dîner  : Elles sont toutes si heureuses de la retrouver. Ha ! Regardez ! Moyenne Fée s'arrête  : nous sommes donc presque arrivés !"

            "Blanche as-tu une clé sur toi ? Je ne vois pas la mienne dans mon sac... ...Ah si ! La voilà".

 

            Nous étions devant une sorte de portail étroit en fer comme  il en existe encore sur les cotés de certains parcs. Celui-ci était d'un brun sombre tout rongé par des plaques de rouille qui écaillaient sa peinture qui avait dû être noire à l'origine, il  ne semblait pas avoir été ouvert depuis des années car, sous une couche de neige, le lierre qui l'entourait masquait aussi la poignée et la serrure qui permettaient de l'ouvrir. Moyenne Fée dégagea la serrure et y glissa une clé étrange en forme de croissant de Lune argenté et d'un quart de tour à son poignet, Elle ouvrit le portail puis nous fit entrer.


             Pendant que Moyenne Fée refermait le portail derrière nous, je découvrais l'endroit dans lequel nous étions : c'était une toute petite impasse couverte de neige elle aussi, entourée de chaque coté par de hauts murs de briques sombres sans fenêtres qui me firent penser à mes lectures d'enfance du Londres des romans de Dickens, et tout au fond il y avait un petit muret sur lequel semblait dormir un chat qui se détachait nettement sur le rectangle bleu du ciel découpé à même dans la nuit étoilée. La neige soudain avait cessé de tomber et je fus surpris de ne plus entendre aucun bruit : pas même la circulation de la rue pourtant toute proche.

                                                                  "Il ne devrait pas tarder maintenant" dit Moyenne Fée à la Fée Blanche.

                Alors que j'étais parti caresser le chat allongé de tout son long sur le petit muret, un gros matou ronronneur qui avait une bonne grosse bouille que j'étais persuadé d'avoir déjà vue quelque part, j'entendis soudain la musique d'un petit carillon qui me sembla elle aussi si familière que je me surpris à dire joyeusement à la cantonade sans même me retourner : "Tenez ! Je crois qu'on sonne à la porte ! Allez donc ouvrir !!! :D"

                "Ha ! Balo !!!... Vous voilà enfin ! nous sommes bien évidemment heureux de vous voir !" dit au même moment Moyenne Fée. Je me retournais et je reconnus tout de suite le petit lutin qui m'accueillait chaque fois que j'avais rendez-vous chez Moyenne Fée.

                

"Mais c'est Balo !" dis-je tout heureux en venant lui serrer la main et sa petite barbiche toute enneigée ( Avec les Lutins c'est une politesse in-dis-pen-sable). Et il semblait lui aussi tout content de me revoir.

~~ "Mais que transportez vous donc sous votre bras ???"

~~ "Ha ça ??! Bah c'est le Tapis : Vous allez avoir besoin du Tapis n'est-ce pas ? Je ne suis quand même pas venu pour rien ? Si ???" dit Balo en faisant un clin d'œil malicieux à Moyenne Fée.

~~ " Mais non !!! Bien au contraire ! Vous avez très bien fait Balo !" lui dit Moyenne Fée d'une voix cérémonieuse de petite fille jouant à la marchande. (Ce qu'Elle savait très bien faire !!!!!!i  :D)

        Balo déroula alors son petit tapis sur la neige puis il nous dit joyeusement en nous faisant un petit au revoir de la main : "Allez ! Allez ! Vous pouvez y aller !!! Qu'attendez vous !?!?!"

   ~~ "Est-ce que cela vous est déjà arrivé parfois d'avoir le mal de mer ???" me demanda Moyenne Fée

   ~~  "Oui peut-être..... Lorsque j'étais enfant..." Puis j'ajoutais en rigolant sans y croire une seconde, pour faire le gros malin :

         "Mais d'ailleurs quelle importance cela peut-il avoir ?!? !!! C'est un tapis volant ça ! Ça se voit tout de suite ! Je suis un expert      en tapis volant ! Vous ne le saviez pas ?!?!!"

    ~~ "Eh bien... .. . C'est à dire... Comment vous expliquer..." me dit Moyenne Fée "Ce n'est pas exactement un Tapis Volant mais bien plutôt un...    ...Tapis Béant !" et Elle éclata de rire en sautant à pieds joints sur le Tapis et... .. .

 

 

​ ​​

 

 

   Moyenne Fée !!! disparaitre ainsi devant mes yeux !!! Ça alors !!! :D J'en fus si abasourdi que je dis par bravade à la Fée Blanche : "Il ne manquait plus que ça !!! Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? Laissons donc ce Tapis tranquille et allons plutôt prendre un verre !!!" car l'idée de se jeter comme ça dans ce Tapis Béant foutait carrément la trouille !!!  :D"

    ~~ " Mais non ! Que vous êtes bête !!! Moyenne Fée nous attend ! Il faut y aller !  Comme c'est pour vous une sorte de baptème : Nous allons sauter ensemble !  Allez ! Je compte jusqu'à trois. 1..   2...  

                                      

 

                                    

 

 

 

 

 

              A peine eus-je le temps de nous dire : "On tombe !" que déjà l'obscurité totale laissait sa place à  un  magnifique clair de lune au moment même où la Fée Blanche et moi touchions le sol.
Où avions nous atterri ???  Je fus tout  éberlué de me retrouver dans la petite impasse que nous venions de quitter il y a quelques secondes .
           

           "Mais qu'est-ce que tout cela veut dire  ?! C'est ça un Tapis Béant ?!?! Quelle rigolade ! Nous n'avons pas bougé ! Regardez ! Nous sommes toujours à la même place dans la même petite impasse ! Et il y a toujours le chat là bas qui dort encore sur son petit muret. Je m'disais bien aussi que Moyenne Fée me menait en bateau avec son histoire de mal de mer !  Mais d'ailleurs c'est vrai ça ???? Où est donc passée Moyenne Fée ???" dis-je à la Fée Blanche en regardant  tout autour de moi.


              "Pourriez vous d'abord aller prendre le chat ? Nous allons l'emmener avec nous et nous irons chercher ensuite Moyenne Fée je vous le promets" me dit la Fée Blanche en se dirigeant vers le portail pour l'ouvrir.

Je suis allé chercher le gros matou qui somnolait : il se laissa prendre sans aucune difficulté et continua à ronronner dans mes bras.

                                              "Quand j'aurai rouvert le portail..." me dit la Fée Blanche  "...Vous pourrez laisser courir le chat : il ira retrouver facilement sa maîtresse".

              J'écoutais à peine ce qu'Elle était en train de me dire car mon regard était attiré par un objet posé sur le sol juste à coté du portail : C' était le vieux cartable en cuir de Verna !

               J'allais demander à la Fée Blanche de tenir le chat quelques secondes, le temps que je prenne le cartable mais le chat d'un bond sauta de mes bras et s'enfuit à toutes pattes par l'entrebâillement du portail que la Fée Blanche était en train d'ouvrir. Je pris le cartable  : c'était bien celui de Verna. Je l'ouvris et regardais à l'intérieur : il était vide.  Je relevai la tête pour en faire la remarque à la Fée Blanche qui devança mes paroles en me disant : "Oui ! Bien sûr que oui ! Le cartable de Verna est vide mais regardez... .. ."

                                                                                                                                

                                                                                                                                                Et alors là !!!...

​              

 

               Ce que je voyais devant moi était si incroyable  que je restais pétrifié de stupeur bouche bée  dans l'encadrement du portail . Devant moi il n'y avait plus la petite rue que nous avions quittée mais une vallée verdoyante entourée de gigantesques montagnes dont les hauts glaciers se perdaient tout là haut dans une sorte de gaze lumineuse et bleutée qui rejoignait les étoiles. Et des étoiles il y en avait ! Encore et encore ! Et dans ces myriades d'étoiles , là où je m'attendais à voir le clair de lune, il y avait 3 planètes lointaines  qui flottaient dans le firmament légères comme des bulles de savon, dont l'une plus importante ou plus proche était surmontée d'un arc de cercle incandescent et bleu qui lui faisait comme une couronne : Véritable Déesse d'une Antiquité Inconnue. C'est elle qui éclairait la nuit et tout le paysage que je voyais jusqu'au plus loin de l'horizon.

            

           La Fée Blanche qui était à quelques pas se retourna vers moi et me sortit soudain de ma stupeur en me disant simplement :

           "Voyez... Que vous avais-je dit ! Nous avons retrouvé Moyenne Fée ! La voilà qui vient vers nous."

         "Je ne vous ai pas trop manqué ?! Vrai ?!" nous dit en riant Moyenne Fée, puis : "Blanche je te l'enlève ! Je vais aller le présenter aux Fées qui sont déjà arrivées. Au fait Blanche : Si tu peux aller voir Toupie je crois qu'elle a besoin de ton aide pour sa robe. Je ne sais comment elle se débrouille mais Toupie se trompe toujours dans les tailles !" Puis, joyeusement, en se tournant vers moi "Prenez garde !... " me dit-Elle "... Si vous épousez un jour une Fée : j'espère pour vous qu'elle saura compter !" 

             Et comme petite Baby)💙(Lala était constamment dans mon cœur et dans mes pensées je répondis en regardant Moyenne Fée : "En tout cas, cette Fée, si Elle existe pourra toujours, au moins, compter sur moi" 

              L'air était limpide et avait la douceur de juin.

             Tant de questions de toutes sortes se pressaient sur mes lèvres et Moyenne Fée dût sans doute lire en moi quelque inquiétude en voyant la manière avec laquelle je tenais serré dans mes bras le vieux cartable en cuir qui était vide, Elle me dit pour ma plus grande joie : "Vous entendez ? Verna est en train de faire les dernières répétitions d'orchestre pour l'Ouverture de notre Grand Dîner, Vous la voyez là bas ???!!!"

 

              " Mais où sommes nous ici ???" demandais-je à Moyenne Fée, maintenant que j'étais rassuré sur le sort de Verna.

              " A 350 000 années-lumière de Gliese et bien plus encore de votre chère planète la Terre ! Mais ne vous inquiétez pas ! Nous vous ramènerons sur Terre dès que vous le souhaiterez mais... ...regardez donc ! Qui voilà ?!?  Là !   Juste devant nous : Vous ne reconnaissez pas quelqu'un ?!?!...."

                Et alors que des lutins dans des petits vêtements jaunes d'or couraient dans tous les sens et s'affairaient tout autour de la grande table du Dîner, les uns avec des couverts qui brillaient de mille éclats, d'autres qui déposaient des fleurs et d'autres encore qui vérifiaient que chaque chose soit au bon endroit sur l'immense table, certains lutins tout de rouge et blanc vêtus accouraient même vers Moyenne Fée en lui répétant plusieurs fois "Cela vous convient-il ?! Cela vous convient-il ?!?!" tout en faisant des cabrioles acrobatiques autour de nous.


              Effectivement à quelques mètres de nous : un groupe de jeunes femmes, ("Elles viennent de Mumbai" me dit Moyenne Fée)  était en pleine discussion avec une personne qu'elles entouraient et dont je n'arrivais pas distinguer ne seraient-ce que les vêtements et encore moins le visage. Puis tout à coup quelques jeunes femmes s'écartèrent et je reconnus petite Fée Baby)💙(Lala !!!!!!i  Elle ne m'avait pas encore vu et discutait en riant avec les jeunes Indiennes, ses deux petites mains posées sur son ventre tout rond comme un ballon.
 

             "Elle a décidément encore bien grossi !" pensais-je  sans en comprendre la raison mais je me gardais d'en parler à  Moyenne Fée pour ne pas l'inquiéter. Puis à un moment donné le regard de petite Fée Baby)💙(Lala croisa le mien et, tout en continuant à bavarder avec le groupe, Elle resta à me regarder sans bouger  avec ses grands yeux écarquillés et ce divin sourire élargi qu'Elle n'a que pour moi.

 

                Petite Fée Baby)💙(Lala  continua quelques secondes à leur parler :  les jeunes indiennes tournèrent alors leurs regards vers moi en pouffant de rire puis elles s'égayèrent dans la clairière en jouant à se poursuivre les unes les autres et petite Fée Baby)💙(Lala vint me rejoindre.
                    Je la voyais arriver lentement vers moi en se dandinant légèrement : Jamais Elle n'avait été aussi belle et radieuse me sembla-t-il que cette nuit là. Elle portait une petite robe bleue accordée à ses lèvres. Elle avait fait coupé net ses cheveux à la Louise Brooks.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

               Même si, dans ce monde où chacun envie, parfois même admire toute réussite financière au point de faire n'importe quoi, je n'étais pas le seul à savoir que l'univers des idées et celui des arts ne sont pourtant jamais gouvernés par celui des intérêts quels qu'ils soient, la fortune de petite Fée Baby)💙(Lala était si colossale, [ A tel point que même Moyenne Fée, pour Elle, chaque année au mois de décembre passait bien des nuits blanches à essayer d'en faire une évaluation à peu près exacte ], que j'avais toujours refusé jusqu'à présent la demande sans cesse renouvelée par petite Fée Baby)💙(Lala, de partager sa vie. Elle partait dès le lendemain pour l'Inde avec la Fée विलक्षण समरूपता. Oui je la voyais venir à moi et je ne bougeais pas : Elle savait bien pourquoi ! : La petite barre oblique, notre petite barre oblique là, tout au creux de l'estomac, nous étions Elle & moi tout heureux d'avoir la même à cet instant là, de faire durer le temps, quelques mètres aussi longs que des années-lumière.  Elle n'était venue cette nuit que pour moi alors que ses amies Fées les plus chères étaient justement venues aussi cette nuit de  galaxies  lointaines avec pour seule et unique hâte : celle de la  revoir après tant et tant d'années.

                     "Je vous laisse un moment..." me chuchota Moyenne Fée "... je reviendrai plus tard vous chercher, rien ne presse pour les présentations car je vois que toutes les Fées ne sont d'ailleurs pas encore toutes arrivées".

                       Moyenne Fée embrassa sa cousine, puis recula de quelques pas en lui disant : "Tu es vraiment resplendissante ma petite Baby)💙(Lala  Chérie ! Mais ne te fatigue pas trop à rester debout, tu as un long voyage qui t'attends demain."

                           A peine Moyenne Fée s'était-Elle éloignée avec un Lutin venu lui annoncer l'arrivée de  la Fée Méride  que petite Fée Baby)💙(Lala sauta à mon cou !  Quel bonheur insensé et si raisonnable à la fois que de La retrouver ! Sa petite langue bleue toute goulue et si pointue contrastait tellement avec la douceur arrondie de son ventre tout contre le mien  ! Mes larmes se mêlaient aux siennes sur ses joues et dans ses cheveux.

                           "Ho !... Il faut absolument que je te donne une chose... " me dit petite Fée Baby)💙(Lala "...mais avant il faut aussi que je te montre Mon Arbre... .. . Viens !!!"

                             Certains d'entre vous se souviennent peut-être que jusque là, petite Fée Baby)💙(Lala me vouvoyait d'habitude chaque fois qu'Elle me parlait.  Je me dois donc ici de raconter en quelques mots la raison pour laquelle, un jour, ce changement a eu lieu . Lors de nos voyages en Roulotte nous traversons tant de pays, de régions, tant de villages...  Et un jour, c'était en juillet  sous un soleil radieux, nous étions au marché de Tonelatti (oui celui situé sur les coteaux) et alors que, les bras chargés de fruits et de fleurs, nous déambulions, une marchande reconnut petite Fée Baby)💙(Lala et tout en tendant une main  vers Elle, lui dit "Regardez ! Vous ne la trouvez pas éblouissante ?! Si vous saviez comme elle me rend heureuse" et petite Fée Baby)💙(Lala  reconnut Elle aussi la bague que cette dame portait à son doigt. Et petite Fée Baby)💙(Lala discuta un long moment avec cette personne puis,  alors que nous descendions la petite ruelle Estrellas au bout de laquelle l'océan irisé et dansant nous faisait déjà signe, petite Fée Baby)💙(Lala  me dit avant de m'embrasser : "Cela vous ennuierait si je vous disais tu ???..." ~~ "Cela m'embête un peu !..." lui dis-je en la serrant toute contre moi : "... je ne sais pas si je m'y ferais !  :D"

 

 

 

 

                               Petite Fée Baby)💙(Lala me montra à l'ouest, en la pointant du doigt, une Forêt toute proche dont les arbres étaient si hauts que leurs cimes se distinguaient à peine dans la nuit étoilée. Arrivés à l'orée de la Forêt, petite Fée Baby)💙(Lala me demanda de regarder tout là haut dans le ciel l'Arc bleuté qui brillait au dessus de l'une des 3 planètes puis, alors que je le regardais, Elle me demanda de dire lentement tout en regardant l'Arc "1 - 2 - 3 Arbre y es tu ???". 

                                Même si je savais qu'avec petite Fée Baby)💙(Lala tout était possible, ce fut un émerveillement pour moi de voir apparaitre une  nouvelle étoile d'un blanc  incandescent  scintiller dans l'Arc au moment où je venais de dire "1" puis une autre à "3" et une troisième juste après avoir dit "Arbre y es tu ???" Et au même instant dans un bruissement feuillu devant petite Fée Baby)💙(Lala et moi un arbre gigantesque apparut soudain, sorti de nulle part !

                               

                                "Et voilà ! C'est Mon Arbre : l'arbre de ma naissance !..." me dit petite Fée Baby)💙(Lala en m'invitant à m'assoir comme Elle au pied de son Arbre. "Oui : je suis née dans cette Forêt, au pied de cet Arbre  Et il s'en souvient très bien lui aussi n'est-ce pas Arbre ?!?!!"

                              "Mais bien sûr que je me souviens de Toi !!! Et tous les arbres ici aussi, tout autant que moi, t'aiment et te protègent Chère petite Fée Baby)💙(Lala" lui répondit l'Arbre d'une voix qui semblait soufflée et aspirée en même temps par le vent léger et doux de la nuit. "Au fait ! A-t-il déjà fait un vœux ???" continua l'Arbre en penchant une de ses branches vers moi. "As tu fait un vœux ?!?!!" me demanda à son tour petite Fée Baby)💙(Lala en écarquillant tout grand  ses beaux yeux vers moi ~~ "Oui" dis-je en tenant dans mes mains les siennes et en noyant mon regard dans le sien."

                                     "Alors tout ira bien bien bien" nous dit l'Arbre en  voyant notre délicieuse silencieuse et ronde félicité et il agita ses feuilles et alors que nous nous embrassions, une myriade de minuscules étoiles bleues jaillit du sol : elles s'élevèrent  en tournoyant autour de l'Arbre dans un tintement léger et aérien de clochettes pour aller rejoindre tout là-haut leurs grandes sœurs qui les attendaient.

                                         "Ho ! Il ne faut surtout pas que j'oublie de te donner ceci" me dit petite Fée Baby)💙(Lala en me mettant autour du cou une petite ficelle au bout de laquelle pendait une petite paire de ciseaux en Or ornée de pierreries multicolores. "Quand ils sont fermés : ces ciseaux te serviront de Sésame ou de Clé si tu préfères !" me  dit Elle en riant.

                                             

 

 

 

 

                              "De Clé ???" lui demandais-je ~~ "Bah Oui : la Clé de notre Caverne ! Et tu pourras aussi y dormir j'espère  pendant mon absence !" me dit-Elle en levant ses grands yeux rieurs tendrement vers moi pendant qu'Elle se relevait : "Retournons voir ma cousine car elle tient absolument à te présenter aux Fées, ne la faisons pas attendre ! Et quelle chance Nou2 avons d'être l'un à coté de l'autre pendant ce Repas !!! Comme je suis heureuse ! Si tu savais ... .. ." Puis Elle s'adressa à son Arbre : "Au revoir mon bel Arbre de ma vie... ... Au revoir ... Au revoir ..."

                                    Nous retournâmes vers la clairière, c'était une nuit douce et merveilleuse, nous marchions lentement enlacés l'un à l'autre et nous fumes rejoints par les jeunes indiennes de Mumbai qui nous accompagnèrent tout en nous parlant de la Rigveda-saṃhitā.

                                    Moyenne Fée en nous voyant de retour se dirigea aussitôt vers moi et me dit  : "Si vous pouviez aller rejoindre Verna. Elle souhaiterait, je crois, vous parler."

 

                                   Tout en me demandant quelle pouvait bien être la raison pour laquelle Verna avait besoin de me parler, j'étais tout joyeux d'entendre balloter sous ma chemise la petite paire de ciseaux que venait de m'offrir petite Fée Baby)💙(Lala.  "Je te présente les Fantômes Célestes ! Elles sont Japonaises. Assieds toi là et dis moi ce que tu en penses" me dit Verna en me tendant une drôle de chaise aux formes courbes qui lévitait à quelques centimètres du sol. Devant moi il y avait une vingtaine d'instrumentistes qui bavardaient, assises sur des chaises identiques à celle sur laquelle je venais de m'assoir. Chacune d'entre elles portait des vêtements multicolores aux teintes si acides et si fluorescentes que l'ensemble donnait l'impression d'un Arc en Ciel sans cesse changeant.

                                      Verna tendit sa main dans leur direction, la leva d'un cran et l'orchestre commença à jouer l'Andantino pour un Dîner de Fées.  J'écoutais et je fus ravi soudain d'entendre enfin ce très léger fléchissement en dehors du tempo que Verna infusait si musicalement  au contre-chant des cordes. C'était une joie sans mélange pour moi, non seulement d'entendre si bien interprétée une chose qui aurait pu passer pour beaucoup pour un petit détail insignifiant, mais aussi de voir en Verna celle qui avait perçu cette petite chose là comme primordiale.

                                     "Alors ?" me demanda Verna. J'attendis un instant d'être redescendu sur terre et  je lui répondis ému, heureux et grave en la regardant comme si elle était un mystère décidément pour toujours insondable : "...J'ai bien de la chance Verna ... Bien de la chance..." Verna se retourna alors vers les Fantômes Célestes et leur dit d'une voix tranchante et joyeuse : "C'était parfait ! A toute à l'heure donc pour le Concert !"

                                    Pendant que Verna et moi nous nous dirigions vers une sorte de buffet pour aller boire quelque chose et fêter ainsi sa réussite musicale, j'aperçus non loin de nous une personne au visage étonnant et dont l'allure si singulière et la démarche me rappelèrent celles d'Opale dans "Le testament du Dr Cordelier" zigzagante, sautillante et tout aussi désarticulée.

                              Et Verna qui l'apercevait à son tour : "Ho ! Celle-ci ?!?!? C'est la Fée Naja ! Les histoires ne vont pas tarder à commencer !!!" me dit Verna en riant puis, en regardant un point invisible de ses jeunes souvenirs, elle chuchota à mon oreille : "Peu recommandable ! Mais maman la protège je ne sais trop pourquoi !"

 

                                 Au buffet Verna demanda à l'un des Lutins : "Pourrions nous avoir deux Zääwirdgïels s'il vous plait !..."  "...Tu ne connais pas ?!? Tu vas voir c'est de la gazz !!!" me dit Verna "...Et en plus regarde ! Ce sera de la bleue !"

                                

                              Faire abstraction du paysage titanesque qui s'offrait de toutes parts devant nos yeux ne nous sembla pas si difficile et rapidement je fus transporté et ravi, en écoutant Verna parler des endroits qu'elle aimait dans Paris, de retrouver intact et plein comme un œuf le souvenir lisse de ces matinées fraîches d'avril déjà toutes ensoleillées où l'air ivre et libre de l'hiver soufflait encore si fort qu'il glaçait mes joues toutes rouges, au moment même où, tout essoufflé d'avoir couru, distrait, regardant ailleurs  et n'y croyant plus en traversant la rue,  je tombais nez à nez sur Tenebræ !!!                              

                                         

 

                                   "Ho... Attention... Regarde qui voilà... .. ." me dit Verna à voix basse alors que nous parlions d'un moment particulier du Concerto N°23 de Mozart qui semble être à l'évidence la maman souveraine tendre et affectionnée de la musique du film "Les choses de la vie" de Philippe Sarde. 

                                         A ma gauche venait d'arriver la Fée Naja. Je n'eus même pas le temps de voir vraiment son visage car à peine installée sur un siège, la Fée Naja avait croisé ses bras comme un coussin sur le comptoir et  y avait enfoui son visage comme pour s'y endormir. Elle ne nous montrait maintenant que ses longs cheveux noirs emmêlés.

                                        "Nous ferions mieux, je crois, de nous en aller ... .. ." me chuchota Verna "...D'ailleurs je vois là bas Moyenne Fée qui t'attend pour te présenter aux autres Fées et tu sais : je dois moi aussi rejoindre l'orchestre pour  notre concert du Dîner. " J'étais sur le point de dire  à Verna par curiosité  : "Mais non ! Attends... juste une minute seulement... " lorsque la Fée Naja retourna  sa tête vers nous et nous regarda.

                                        Le visage de la Fée Naja était un triangle, un V comme je ne pensais pas qu'il puisse en exister de si pointus jusqu'à cet instant précis. Les yeux noirs si anormalement écartés, rougis, opaques et bridés de la Fée Naja accentuaient la géométrie envoutée et comme charmée de  son visage  mais surtout c'était ce sourire carnassier que nous offrait la Fée Naja, nous montrant des dents acérées et longues comme les crocs de quelque animal sauvage préhistorique qui me stupéfia. Ce sourire destiné à m'effrayer n'y arriva pourtant pas car j'y décelais bien malgré moi une sorte de questionnement douloureux qui ne me fit pas détourner le regard, bien au contraire. Et alors que Verna derrière moi me tirait discrètement par la manche, la Fée Naja se redressa d'un coup, haussa les épaules l'une après l'autre et tout en nous toisant du regard Verna et moi, elle émit une sorte de sifflement aspiré qui me fit penser à celui que j'imaginais lorsque, enfant la nuit sous les draps avec une lampe de poche, je lisais le ruban moucheté de Sir Arthur Conan Doyle !

                                         Verna partit rejoindre l'orchestre et je décidai de rester quelques minutes encore pour finir tranquillement cette délicieuse Zääwirdgïels sans me soucier de cette Fée Naja qui, hiératique, les yeux exorbités et les mains plaquées sur sa longue robe noire restait à me regarder finir mon verre.

                                        "Bon ! Ce n'est pas que je m'ennuie, votre compagnie n'est - après tout - pas plus désagréable qu'une autre ! mais je dois y aller. A bientôt  donc très certainement !"dis-je à la Fée Naja et au moment même où je me retournais pour partir, je tombais nez à nez sur Tenebræ.

                                 "Tiens !?!" me dit-Elle  "Tu es là et tu n'es même pas venu me dire bonsoir !... ...Si ma Cousine Moyenne ne m'avait pas dit que tu étais ici  je serais restée évidemment des heures sans nouvelles de toi n'est-ce pas ?!?!!!! Alors.... ....Tu ne m'embrasses pas ???..."  ~~  "Je ne suis pas seul voyons ! Je suis accompagné !" dis-je  à Tenebræ en esquissant une présentation diplomatique : "Tenebræ ! Je vous présente la Fée Naja !!!"

                                  "Ne fais pas attention à lui Naja ! Il est moins stupidement taquin qu'il ne le montre et surtout beaucoup plus gentil qu'il ne le laisse paraitre ! Il est aussi mon invité."  puis Tenebræ  se tourna vers moi : " Je crois que Naja a très envie et un grand besoin d'être quelques instants seule avec moi. Et puis justement ! Voilà ma Cousine qui vient te chercher ! Et tu la fais attendre en plus !!!!"

                                   Moyenne Fée n'était pas venue seule car, pour des questions de préséance, Elle tenait plus que tout à me présenter d'abord à la Fée Méride pour qui il était hors de question de rester plus longtemps dans l'ignorance de l'identité  d'une personne, quelle qu'elle soit, invitée à ce Dîner de Fées.  Par contre, moi j'ignorais encore à cet instant précis combien la Fée Méride et la Fée Naja allaient, chacune à leur manière, m'éloigner Elles aussi de l'idée paradoxalement par trop convenue que je m'étais fait par avance et à tort de ce Dîner de Fées pour me coller à la seule chose qui me sera essentielle et bénéfique :    

 

                                                               

                                                                                                                                    Savoir enfin ce que sont véritablement les Fées.

 

                                    L'amabilité avec laquelle me parla la Fée Méride, en restant tout  au contraire à mille et une lieues de toutes  formes de conventions, fut une belle surprise pour moi  et me fit presque oublier l'image de souffrance terrible et plus douloureuse encore car sans partage qu'avait gravée si vivement et si rapidement dans mon esprit la Fée Naja.

                              La Fée Méride était d'une beauté hallucinante et d'autant plus envoutante qu'elle renvoyait à un passé définitivement inconnu pour la plupart des gens qui ne savaient même pas qui était la Fée Méride, mais hélas aussi, même pour celles et ceux qui l'avaient "bien connue" et qui ne gardaient d'Elle qu'une  idée devenue si vague et si  floue à leurs yeux, que pour eux cette beauté là maintenant  n'appartenait plus qu'à un passé pour eux par trop vif et qu'ils préféraient même vouloir très vite oublier.

Leurs souvenirs n'aimant plus maintenant que des fleurs fanées. 

                                        Moyenne Fée me présenta ensuite à la Fée Cocotte qui n'arrêta pas, croyant m'être agréable, de me parler à tort car de travers de Petite Fée Baby)💙(Lala et qui me sembla n'avoir pour seul talent que celui de répéter bêtement chaque phrase que je venais à l'instant de lui dire en y ajoutant avant "Ah oui !" et juste après "Alors dans ce cas là... évidemment..." sans que je ne sache jamais à quoi pouvait bien faire référence ce "Alors dans ce cas là... évidemment..." !!!.

                                         Et c'est avec la Fée Mintaka et la Fée Gliese que je suis resté un bon moment à parler tout en nous dirigeant tranquillement vers la Grande Table de ce Dîner de Fées car à mon grand étonnement Elles connaissaient toutes deux Elles aussi Garance Ikamashiro et j'appris ainsi qu'elle venait d'avoir deux jumelles Izumi et Azuka.

                     Petite Fée Baby)💙(Lala vint nous retrouver pour me présenter à la Fée de l'Aube پری از سپیده دم        

 qui venait sans doute de sortir à l'instant même de l'un des Contes des Mille et Une Nuits tellement ses paupières d'un rose d'Ispahan voilaient avec lenteur à intervalles réguliers ses grands yeux violets qui jetaient ainsi une embellie délicieuse et un charme alangui sur tout ce qu'Elle me disait à propos des musiques et des danses de son pays qu'Elle considérait comme des jardins gorgés de lumière de fruits et de parfums sans lesquels on ne pourrait vivre.

                                        Tout en me dirigeant vers la place qui m'était attribuée pour ce Dîner de Fées, je vis en face de moi Tenebræ qui revenait Elle aussi en trainant par la main derrière Elle la Fée Naja. Elles étaient suivies par une jeune femme qu'on aurait crue sortie tout droit du film italien des années 1960 "Danger : Diabolik !". Moulée dans une robe fushia ultra courte, elle marchait en se déhanchant comme à la parade d'un défilé de mode. Ses longs cheveux ondulaient tout autour de son visage qui ressemblait à s'y méprendre à celui de Marisa Mell,  jetant des regards pétillants et de grands sourires ourlés de rouge tout autour d'elle : c'était la Fée des Abysses,

                                                 La Fée Eridani ayant croisé sans le vouloir le regard de la Fée Naja eut le droit de sa part à un "Ho ! Toi ça va ! Commence pas ou j'te mords !!!" ponctué d'un rire étrange vite déformé par la rancœur et le dégoût que lui inspiraient la Fée Eridani, son élégance, cette façon si naturelle qu'Elle avait toujours de vouloir être agréablement utile et celle aussi de se lier simplement et facilement avec tout le monde : toutes choses que la Fée Naja ne possédait pas et semblait ne jamais vouloir acquérir et qui animaient chez Elle une bondissante et sanguinaire férocité. Ce qui  faisait illusion pour toutes les autres Fées présentes cette nuit là. Sauf pour moi et petite Fée Baby)💙(Lala et certainement aussi pour Tenebræ qui protégeait la Fée Naja aussi pour cette raison mais pas seulement.

                                                Et concernant la Fée des Abysses, il est important d'ajouter ceci : durant tout ce Dîner, Elle ne cessa de parler de ses tenues vestimentaires à la Fée Naja qui, un pâle sourire sur ses lèvres, l'écoutait sans dire un seul mot. Et si la Fée Naja enviait l'élégance avec laquelle la Fée des Abysses portait ces vêtements, Elle ne ressentait par contre aucun désir d'en porter un jour de semblables.

                                              

                                                 Mais combien grandes et amères furent ma déception et ma tristesse de voir que la Fée des Abysses à la fin du repas ne porta aucune attention à la Fée Naja qui essayait douloureusement de se lever et c'est Tenebræ qui, tout en fusillant du regard la Fée des Abysses, vint au secours de la Fée Naja qui faillit s'évanouir de douleur à peine debout sur ses jambes.

 

 

                                                                                                

                                              Verna discutait avec les instrumentistes japonaises de l'orchestre qu'elle avait placées quelques mètres derrière la place qu'allait occuper Moyenne Fée à la Table du Dîner. Elle me fit le petit signe convenu entre elle et moi pour me dire que tout se passait jusqu'à présent comme elle le désirait. Puis elle parla quelques instants à Moyenne Fée et rejoignit ensuite l'orchestre.

 

                                                            Moyenne Fée vint alors prendre place au bout de la Table , attendit quelques minutes puis Elle s'adressa à nous :

 

                                                

                                               "C'est, déjà, oui ce soir,  notre 750ème dîner annuel sur cette planète ! ...[! applaudissements !]... Aussi ai-je pensé qu'une ouverture musicale serait la moindre des choses pour fêter cet anniversaire qui restera d'autant plus mémorable que cette année : deux nouvelles Fées ont accepté de partager avec nous notre Dîner : Céphée et Spirale et je tenais à les en remercier ! ...[! applaudissements !]... Et, bien sûr, à vous remercier vous toutes ici de les avoir accueillies si chaleureusement !!! ...[! applaudissements !]... Mais... ...Mais il y a surtout aussi une autre raison à ce moment musical : c'est que l'orchestre qui va jouer cette "Ouverture" sera conduit par Verna qui est, pour celles qui l'ignorent encore, la fille de Tenebræ. ...[! applaudissements !]... Et puis enfin il y a ce Monsieur que vous voyez, assis entre Printemps et Blanche, et que mes 2 Cousines et moi tenions à inviter pour ce 750ème Dîner : C'est un migrant venu de si loin, oui : venu de la Terre !"

 

                                              Tout en caressant le Talisman à mon doigt que petite Fée Baby)💙(Lala  m'avait offert la dernière nuit où nous avions dormi ensemble dans notre Roulotte et où Elle m'avait annoncé son départ prévu dans quelques mois pour l'Inde, je me suis levé dans un silence total suivi aussitôt par de longs applaudissements qui ne tenaient d'ailleurs pas du tout au fait que je sois un migrant ni même à la vie bien banale que je menais mais seulement au fait que  Tenebræ, Moyenne Fée et petite Fée Baby)💙(Lala m'avaient fait l'honneur de m'inviter à ce Dîner de Fées ! :D Il y avait aussi, bien sûr, une toute autre raison qu'Elles se gardèrent bien d'expliquer aux autres Fées et que seule Verna, qui me faisait à l'instant un clin d'œil, avait la délicatesse, l'ayant devinée depuis longtemps, de rester à jamais muette sur ce sujet.

                                         Au moment où je me rasseyais la Fée Printemps vint s'assoir près de moi à la place de petite Fée Baby)💙(Lala qui était toujours en pleine conversation avec  les jeunes indiennes de Mumbai un peu plus loin derrière nous. 

                                         "Je suis si heureuse de pouvoir venir enfin vous féliciter !" me dit-Elle.  "Mais je n'ai rien dit ! Je n'ai fait que me lever !" lui dis-je en essayant d'atténuer mon incompréhension avec un sourire. "En tout cas j'envie votre nouveau bonheur si proche ! Et transmettez je vous prie toutes mes plus affectueuses pensées à Baby)💙(Lala, je ne veux surtout pas vous déranger davantage Elle et vous !  Souhaitez lui bon voyage de ma part et embrassez la pour moi surtout !!!"

                                          De quel nouveau bonheur si proche parlait-Elle ????? J'étais si perplexe que je me tournais vers la Fée Blanche pour lui en parler mais je n'en eus même pas le temps car Elle aussi me dit avec un regard tendrement amusé, ébahi et  complice : "C'est vrai ! J'envie moi aussi votre bonheur maintenant si proche !"

 

                                        L'assurance de ce nouveau bonheur tout proche que j'allais connaître, confirmé par la Fée Blanche et la Fée Printemps, fit que je ressentis soudain une sorte de bonheur avant l'heure !!!  :D  Et ensuite durant tout le Dîner de Fées je suis resté à regarder chacune des Fées avec un sourire d'idiot hébété rivé sur mes lèvres !!!

 

 

 

                                        Fort heureusement pour moi petite Fée Baby)💙(Lala vint prendre place tout à coté de moi et, de crainte que ce bonheur proche que l'on m'avait promis ne soit en fait qu'une mauvaise plaisanterie, je pris devant Elle un air si grave que petite Fée Baby)💙(Lala me dit :  "Tu en fais une tête ! Que t'arrive t-il donc ?!?!?!" ~~"C'est incroyable ... ...si tu savais..." lui dis-je avec mon faux air de chien battu laminé par de fausses promesses (Oui ! L'un de mes préférés !!! :D) : "...Je vais, parait-il bientôt connaître un bonheur aussi gros que ton ventre... ...Tu crois ça Toi ???" Et petite Fée Baby)💙(Lala , tout en serrant dans sa petite main mon doigt qui portait sonTalisman,  me dit en riant : "Sblou la la !!! Je voudrais bien voir ça !!!"

 

 

                                                  les premières notes de "L'Ouverture pour un Dîner de Fées" résonnèrent et je souriais de nouveau tout heureux de voir  Verna aussi agile véloce et précise de note en note qu'un écureuil sautant de branche en branche. Et ma joie aurait été sans mélange mais en face de moi, un peu à ma gauche, je voyais la Fée Naja assise, ses deux coudes posés sur la table.

 

             Son visage d'une blancheur cadavérique entre ses mains, Elle me fixait du regard. Je me penchai un instant vers petite Fée Baby)💙(Lala :

 

                "Ne peux tu vraiment rien faire pour Elle Toi qui a tant de Pouvoirs ???? Cette Fée Naja semble souffrir horriblement  non ???"

 

           ~~ "Ho ! Si tu savais combien de fois Tenebræ et moi nous avons essayé de la convaincre de venir voir mon arbre. Mais hélas jusqu'à ce jour sans aucun succès...  ...Car lui seul saurait la guérir du mal épouvantable qui lui ronge les os et la déchire nerveusement.

 

         ~~ "Et pourquoi ne veut-Elle pas ?" demandais-je  à petite Fée Baby)💙(Lala tout en regardant la Fée Naja avec attention car je voyais qu'Elle ne me regardait pas comme si j'étais une future proie possible et si  facile à dévorer mais bien plutôt comme une chose inconnue qu'Elle ne comprenait pas et qui peut-être même l'inquiétait.

 

             ~~ "Parce que tout simplement La Forêt lui fait une peur panique..." me dit petite Fée Baby)💙(Lala "...Elle ne vit que recluse dans un immense château labyrinthique aux mille dédales que lui a offert Tenebræ et ne sort qu'à l'aube pour chasser. Et si tu savais aussi les histoires absolument terrifiantes qui circulent à son sujet dans toutes les galaxies ... .. . Et si Elle a accepté de venir à ce Dîner c'est uniquement parce que Tenebræ a réussi à lui faire comprendre que c'était pour son bien."

 

 

               Et alors que les dernières notes de l'Ouverture musicale se dissolvaient dans l'air, nous vîmes Tenebræ se lever et faire un signe à Moyenne Fée. "Je crois bien... " dis-je en souriant à petite Fée Baby)💙(Lala  qui regardait sa Cousine avec étonnement "... que Tenebræ tient à prendre la parole !!!"

 

 

               Et comme je lui montrais Verna, près de l'orchestre, qui était en train d'installer pour moi un piano blanc sur lequel était posé un petit orgue, petite Fée Baby)💙(Lala me dit en écarquillant tout grand ses yeux :

 

"J'espère que ma Cousine Tenebræ ne va pas trop retarder notre concert avec les indiennes de Mumbai.  J'ai si hâte de chanter pour toi !"

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

 

 

"Ainsi donc nous voilà toutes de nouveau réunies pour ce Dîner de Fées ! Comme c'est gentil...   ...mais surtout comme c'est instructif !

 

Je ne parle évidemment pas de nos deux nouvelles "recrues" Spirale et Céphée si je puis m'exprimer ainsi ! Et pas plus non plus de  ce Terrien

que moi et mes deux Cousines tenions depuis longtemps à inviter.

Non ! Je m'adresse à vous ! Chères "bonnes" Fées !  Bonnes ?!?! Comme ce mot est amusant ! Ridiculement amusant même !!!

 

Car enfin si j'en crois mes grands yeux et mes longues oreilles que reste-il de bon en vous ??? Oui !!! En vous toutes !?!?!

Si bonnes à n'oublier jamais vos droits ni vos prérogatives il semble bien dorénavant que vous ne vous sentiez plus obligées

 

ni à la moindre Charge ni au plus élémentaire des Devoirs !
 Ah ! Comme c'est bon n'est-ce pas d'être Fée dans ce cas !!! Votre baguette ne vous sert plus alors qu'à vous rendre chaque jour aussi sotte que coquette !!!
Tout cela me ferait sourire mais c'est que jusque dans mes Rangs maintenant, et aussi parmi celles ici qui se comptent comme étant mes plus chères amies, celles qui chaque jour, en d'autres Temps,  montraient une droiture toute désintéressée, je ne vois plus chez elles aujourd'hui que l'ombre du cynisme et du seul contentement de soi !

 


Oui ! Comme tout cela est instructif !

 

Mais il y a bien pire ! Votre soin perpétuel à vouloir toujours préserver votre seule image de bonne Fée vous a rendu aveugles et vous ne voyez même plus le bout de votre nez qui remue et vous crie votre manque de bonté !
Ho ! Pour faire à droite à gauche acte de charité vous êtes toujours présentes ! Il ne manque jamais personne !

 

Mais sans y prendre garde vous n'aidez plus maintenant que celles et ceux qui vous ressemblent !

 

C'est tellement plus facile ! Et tout est simple ainsi !
Mais pour aller seulement vers un être qui se meurt et souffre par lambeaux : comme c'est étrange ! Il n'y a plus personne ! Envolées les Bonnes Fées des Contes Enchantés ! Comme tout cela est vulgaire et rapporte si peu !
Car il vous faut des larmes, des demandes répétées pour qu'un jour vous daignez - peut-être - enfin vous déplacer !

 

Mais vous êtes chaque fois arrivées si tard...
Je plains votre baguette...

 

Et vos chapeaux de Fée certainement chers payés !

 

Vous n'êtes plus Bonnes à rien ! Au moins en tant que Fées !
Soyez rassurées !!! La Fée Naja celle que vous détestez tant ne sera bientôt plus là pour vous écorcher vives !

 

Elle ne sera d'ailleurs plus nulle part.

 

Sa bouche ne sera plus non plus à l'aube toute barbouillée du sang tiède de quelque biche égarée à ses pieds.

 

Non.

 

  Soyez rassurées elle crèvera un soir sans même gémir : loin de toutes vos baguettes et de vos robes dorées.
Mais qu'attendez vous donc pour redevenir ENFIN Fées ?!?!?!!

 

 

 

                               Et durant tout le long de ce discours j'eus maintes et maintes fois moi aussi envie de mordre goulûment Tenebræ car je n'avais pas réussi à lui en faire changer ne serait-ce qu'une  seule ligne ! :D   Ho ! Oui ! Je m'en souviens : j'étais allongé la tête sur son ventre lorsque Elle écrivait ce discours, j'étais si bien sur sa douce colline que, chaque fois que Tenebræ me lisait un passage de ce qu'Elle écrivait, je lui disais :"Oui.... ...sans doute... Mais tu n'exagères pas un peu beaucoup quand même ?!?... ...Non ???!!!" Et je tournais alors ma tête lentement vers ses montagnes si belles et si proches que je les embrassais sans retenue !

 

                            

 

                                Les jeunes indiennes de Mumbai me tirèrent soudain de mes pensées : Elles venaient nous chercher petite Fée Baby)💙(Lala et moi pour aller rejoindre l'orchestre. Je n'avais pas tellement le cœur à la fête : je voyais la Fée Naja qui me suivait toujours du regard et il me sembla même que son état physique empirait de minute en minute. Je faillis en reparler à petite Fée Baby)💙(Lala mais je m'en suis abstenu. Petite Fée Baby)💙(Lala était si heureuse de chanter pour moi avant de partir dans quelques heures pour l'Inde et je ne voulais surtout pas assombrir de quelque façon que ce soit la joie qu'Elle avait d'être avec moi pour ces toutes petites heures qui nous restaient encore.

 

 

                                     Pendant que je vérifiais et branchais les derniers fils je remerciais une fois encore Atiriya, une des jeunes indiennes,  pour m'avoir prêté si gentiment le petit orgue portatif qu'elle emmenait toujours partout avec elle et auquel elle tenait tant. Les jeunes indiennes firent demi-cercle derrière petite Fée Baby)💙(Lala

                                                                                                sauf une : Devangana la bassiste qui vint s'assoir sur le piano blanc pour jouer

                                                                                       et le sari qu'elle portait la faisait ressembler à une rose posée là par une main céleste.

 

                                                                           

Je me suis installé au piano : mes mains sur le petit orgue

 

         et Petite Fée Baby)💙(Lala debout annonça qu'Elle allait chanter बस जाने से पहले

 







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Et puis un jour vous croyez atteindre le Ciel et c'est une simple souche d'arbre qui étreint votre cœur. Vous êtes alors persuadé de vous être trompé de route : mais non vous avez bien atteint votre but.

                          "Car savez vous..." m'avait dit un jour petite Fée Baby)💙(Lala en posant son visage sur mon cœur :  "... les Fées, Elles non plus, ne sont pas éternelles".

                   

                     Jamais, non jamais, une distance de quelques mètres seulement ne m'avait paru si longue, si difficile et si angoissante à traverser. Et maintenant ce poids plume qu'était devenue la Fée Naja que je portais en ce moment même dans mes bras, ce corps léger et tout osseux que plus aucune sève n'irriguait, si impitoyable maintenant pour mes mains indiscrètes qui en ressentaient chaque contour sous la robe dérisoire qui ne cachait plus rien, était bien la chose la plus insupportable qui soit.

                         En transportant ainsi la Fée Naja vers la Forêt j'aurais tellement souhaité ne regarder que droit devant moi, ne plus devoir baisser les yeux vers son visage, triangle crayeux déformé par les douleurs aigües de toutes sortes, vers ses yeux noirs obliques monstrueusement écartés sous son large front, caverneux et hallucinés qui ne pointaient vers moi que l'incompréhension de devoir maintenant ne supporter que ça. Mais je regardais au contraire la Fée Naja car je savais que seuls mes yeux noyés dans les siens maintenaient - hélas pour combien de temps encore ? - les derniers souffles de sa vie.

                           Tenebræ qui connaissait bien sûr Elle aussi cette Forêt où était née petite Fée Baby)💙(Lala m'accompagna exactement à l'endroit où Elle allait faire apparaitre l'Arbre, cet Arbre qui, peut-être, allait pouvoir sauver la Fée Naja. Mais Tenebræ ne me cacha pas davantage son pessimisme et c'est en retenant mes larmes que je vis Tenebræ réciter la petite phrase que petite Fée Baby)💙(Lala, avant de partir pour l'Inde, lui avait transmise pour faire naître l'Arbre devant nous :

                                                                                                                                                                            "1 - 2 - 3 Arbre y es tu ???". 

L' Arbre dans un souffle de tempête apparut et nous avons Tenebræ et moi adossée la Fée Naja aussi doucement que possible au pied de l'Arbre puis nous avons attendu un miracle auquel aucun de nous trois ne croyait plus et je me suis assis tout à coté de la Fée Naja. Elle prit alors ma main et je fus si surpris par la douceur de ses doigts autour des miens que je ne pus m'empêcher, incrédule, de la taquiner :     

                                                                                                          "Des doigts comme les vôtres !?!  Faire du mal à qui que ce soit ???"  

 

  Et la Fée Naja entre deux souffles courts esquissa alors une moue si délicieusement tendre qu'elle aurait fait pâlir d'envie la Joconde et Leonardo di ser Piero da Vinci réunis.

 

                                  Puis l'Arbre, de ses feuilles, se mit à frôler longuement le visage de la Fée Naja puis ses branches se relevèrent, et soudain un silence assourdissant tomba tout autour de nous. Et Tenebræ me fit signe : je vis que l'Arbre en laissant retomber ses branches nous laissait, sans un mot, deviner qu'il ne pouvait plus rien pour la Fée Naja.

 

                              Et la Fée Naja en voyant Elle aussi les branches de l'Arbre pendre misérablement, me regarda une dernière fois en laissant glisser ses doigts le long des miens puis Elle ferma les yeux.

                                                                                                                                                               C'était        fini

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

J'étais si triste si désespéré que je me mis à frapper l'Arbre de mes deux mains en lui criant :

"Mais Arbre ! On m'avait assuré que tu saurais guérir la Fée Naja !!! Tu ne serais donc Toi aussi qu'un menteur !

Mais dans quel monde vivez-vous donc ?!?!?!... .. ."

                                   

                                     "Terrien je comprends ta colère qui est juste mais pour que je puisse sauver notre Fée Naja il aurait fallu que tu aies un lien avec elle : or ni toi ni Tenebræ n'avez, il me semble, aucun lien avec la Fée Naja... ...Trouve moi quelqu'un qui ait un lien avec cette Fée." me  dit l'Arbre.

                                         "Un lien ??? Mais quel genre de lien ???" demandais-je à l'Arbre en changeant ma colère en une simple supplique.

                                                "Je ne sais pas moi..." répondit l'Arbre "... ... ... disons un lien quelconque... ...tu ne vois pas ???..."

                                            "Mais non... Je ne connais pers... " dis-je à l'Arbre et puis soudain une idée improbable m'est venue et j'ai poussé un immense cri de joie !!!

                                            Je me suis retourné vers Tenebræ, et je l'ai vue  qui courait déjà dans la clairière car Elle avait tout compris et cela sans doute même bien avant moi. J'ai alors enlevé mon blouson et m'en suis servi pour recouvrir le visage de la Fée Naja qui n'était plus maintenant que le masque défiguré  et indéchiffrable d'une déchirante agonie.

                                                  Et quelques minutes plus tard, en voyant Tenebræ revenir avec Verna, je ressentis à la fois un bonheur ineffable et aussi une crainte immense que tout ce à quoi nous voulions croire ne se réalise jamais.

                                               Verna, aussitôt, comprit en s'agenouillant auprès de la Fée Naja pourquoi j'avais recouvert le visage de celle-ci avec mon blouson. Nous n'étions plus tous les trois qu'en présence d'un fantôme recroquevillé dans la brume douce et bleue du jour qui commençait à se lever.

                                                   "Vous avez fait tant d'efforts auxquels vous n'étiez en aucun cas obligés..." nous dit l'Arbre "... Alors moi qui ne suis qu'un Arbre à jamais immobile, je peux bien à mon tour vous aider avec ce que je sais faire et qui n'est rien par rapport à ce que je vous dois..."  

                                                    Et une branche de l'Arbre descendit vers Verna et du bout de sa plus petite feuille, elle caressa une main de Verna, puis la branche se releva et d'un arc de cercle aérien s'en alla ensuite caresser une main de la Fée Naja puis l'Arbre disparut lentement au moment même où dans l'aube un oiseau invisible de la Forêt commençait  à chanter.

                                                         

                                              

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