BIENVENUE DANS NOTRE SITE LABYRINTHIQUE

   "Plus j'y réfléchis plus je sens qu'il n'y a rien de plus réellement artistique que d'aimer les gens." Vincent Van Gogh    

 

  J'étais si bien dans son fauteuil bleu indien 

que je m'y noyais tel un ange dans le Gange

et y restais pour ainsi dire 

comme une vache sacrée : sacrément avachi

 

YA UN SOUCI ? (bis)

Non !

Dans l'écriture et l'intrusion d'un chapitre autonome "Un changement"

pour mon roman "L' Avenir de Simon"

UN CHANGEMENT

Mathilde est chanteuse. 
C'est une soprano. Elle n'en a pas encore fait son métier et pour vivre elle donne des cours de piano, de chant et participe en tant que choriste à quelques enregistrements. Un jour le hasard lui a fait rencontrer un petit groupe de musiciens qui lui a proposé de se joindre à eux pour élargir ainsi leur répertoire avec des œuvres vocales.
Et depuis Mathilde donne des concerts presque chaque week-end avec ses nouveaux compagnons dans toute la Bretagne et un peu ailleurs aussi.
Elle a créé sur le web un petit site avec un blog quelques photos et où elle met à jour ses dates de concert, et quelques extraits des œuvres qu'elle chante.
Elle vit seule mais elle a une relation avec Philippe qui est professeur de Géographie. Ils ne vivent pas ensemble mais se retrouvent souvent soit pour déjeuner, dîner, passer  des soirées ensemble et des nuits aussi. D'ailleurs Mathilde et Philippe commencent à se dire que leur vie serait plus simple sinon plus facile si ils vivaient ensemble.

L'idée fait son chemin et on les trouve parfois en train d'éplucher les annonces immobilières et celles de prêts bancaires.
Elle et lui sont amoureux.
Nul besoin d'ajouter le mot "très". On est amoureux ou pas. Un point c'est tout.

Les jours passent et un soir, lors d'un concert qu'elle donne à Fougères avec ses amis musiciens, elle aperçoit au premier rang du public un jeune homme qui était déjà présent la semaine précédente lors d'un concert dans la cathédrale de St Malo, et même, Mathilde en est certaine maintenant, elle l'avait déjà vu aussi à Auray.
Et Mathilde n'y aurait jamais prêté une attention particulière mais un soir ce jeune homme était venu vers elle près le récital pour lui dire combien il avait trouvé éblouissante la manière avec laquelle elle avait interprétée "Le Paon" de Maurice Ravel sur un texte de Jules Renard. 
Mathilde avait littéralement été enchantée par la remarque de ce jeune homme qui avait à peu près son âge car elle reflétait exactement tout ce que Mathilde avait aimé mettre dans son interprétation.
Lors d'un autre concert ce garçon était venu acheter le CD que les musiciens avaient fait graver en un petit nombre d'exemplaires et qu'ils vendaient comme "souvenir" aux personnes venues les écouter.
Mathilde avait donné l'adresse de son site à ce garçon qui se nomme Auguste et l'avait agrégé en tant qu' "Ami" sur son site.
Auguste en avait été tellement heureux qu'il s'était écrié devant Mathilde un peu trop rapidement : 
"Whaooooh ! Merci ! Pour un peu je vous embrasserais !!!"
Mathilde avait pris simplement cela comme un remerciement enfantin et maladroit.

 

Cet Auguste vivait une vie souvent dissolue : la police le surprenait parfois à l'aube endormi sous un porche du XVIème arrondissement de Paris sans raison valable sauf pour lui. D'autres fois il se faisait jeter d'un bar pour une raison qu'il ne voyait pas vraiment. Pour gagner sa vie Auguste était infirmier dans une Agence de soins à domicile. Il gagnait bien sa vie qui lui donnait parfois des souvenirs impérissables comme celui de cette femme iranienne à qui il devait faire une piqure et qu'il avait trouvée étalée sur un tapis d'Orient dans un luxueux appartement de Passy dans lequel tous les meubles du grand salon avaient été poussés et entassés contre les murs  avec juste cette Iranienne étalée sur son tapis comme dans un conte des mille et une nuits !

Il avait même dû aller avant à l' Ambassade d' Iran pour signer sur un registre et il avait été  filmé aussi très certainement. Cette femme Iranienne n'était pas n'importe qui.

 

Un jour les musiciens et Mathilde décidèrent de marquer une pause dans les concerts qu’ils donnaient. Ils avaient tous envie d'explorer d’autres œuvres et ils décidèrent de louer un local pour commencer les répétitions de ces nouvelles musiques.
Mathilde en profita pour ajouter d’autres photos d’elle sur son site. Certaines étaient des photos de vacances, d’autres où on la découvrait déguisée et d’autres encore qui étaient si adroitement farfelues qu’elles en devenaient de véritables mystères,
Philippe s’en étonna un jour qu’il était avec elle : ‘’Bah dis donc ! Tu te mets en scène ! C’est la gloire donc !!! Et en plus tu as même mis la photo de Duchesse ??!?!?! Il ne manque plus que moi !!!’’
Mathilde ne répondit rien et se demanda soudain elle aussi pourquoi elle faisait ça.

 

Des semaines passèrent et un matin Mathilde découvrit un message d’ Auguste sur son site : ‘’Il semble bien gentil votre lapin’’
Mathilde lui répondit laconiquement : ‘’C’est une fille.‘’

Au mois de mai les concerts reprirent et Mathilde était toute heureuse dans sa hâte de tester le nouvelles œuvres qu’elle allait interprétées dont ‘’Trois beaux oiseaux du Paradis’’ de Ravel et ‘’Le tendre et dangereux visage de l’Amour’’ de Maurice Thiriet.

 

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‘’Alors comme ça tu t’appelles Bette ???‘’
’’Ouiiiiiiii… Ça t’dérange ??!’’
‘’Comme Bette Midler donc.’’
‘’Qui çaaaaa ???!’’
‘’Non non rien, Tu m’as bien dit 6 rue Vernet ? Et bien nous y voilà : tu peux descendre.’’
‘’Auguuuuuuste ! Je t’offre un dernier verre : viens !’’
‘’Non. Vraiment non. Si encore c’était l’dernier. Mais là moi je rentre me coucher
et toi Bette tu f’rais bien aussi.’’
‘’Zuuuttt !!!! On se r’voit quand Auguste ???’’
« On verra... Pas sûr !!!!’’
« Auguuuuuuste ! Tu es le type le plus méprisable que j’connaisse et j’en connais pas mal !!!!’’
‘’Bonne nuit Bette.’’
Auguste, en rentrant cette nuit là au petit matin, mit un peu plus de temps pour glisser la clé dans la serrure de son appartement. Il sourit, mélancolique, en pensant à Bette qui, en ce moment même, n’y était sans doute toujours pas arrivée.’’

 

Mais hélas, mille fois hélas pour Auguste : son envie de dormir fut vite entièrement rongée par l’envie qu’il eut soudain de regarder le site de Mathilde. Et en voyant les nouvelles photos de Mathilde, Auguste qui se sentait à tort léger aérien ...

 

( À suivre ) ... / ...

 

photo : Paris été 2O26 ©2O26 l' Air de Paris